[RP] Rencontre avec les cultes

[François Bertrand]

A l'appel du président de la République, étaient conviés ce matin dans une salle de réception du Palais d'Anthelme la présidente de l'Union Représentative des Juifs de Frôce (URJF) et l'Imam de la Fédération Nationale des Associations Musulmanes de Frôce (FNAM).

Marie-Lou Benayoun et Mohamed Zeitoun étaient donc attendus pour une rencontre avec le chef de l'Etat et le ministre de l'Intérieur en charge des cultes.

HRP : Pour les besoins du scénario, le représentant du FNAM sera contrôlé par un Maître du Jeu (celui qui voudra bien se dévouer pour la tâche)

[Marie-Lou Benayoun]

Marie-Lou Benayoun arriva un peu en retard au rendez-vous donné par le président, elle qui avait été retenue par les préparatifs de la manifestation de Dimanche. Elle fit son entrée au Palais d'Anthelme et fut directement accueillie par François Bertrand. Si elle ne craignait pas le président, elle appréhendait par contre sa rencontre avec le représentant du culte musulman.

Bonjour Monsieur le Président. Merci de prendre la peine de m'accueillir. J'espère que cette rencontre sera productive pour tout le monde, et que des solutions à l'antisémitisme latent pourront être trouvées.

[François Bertrand]

Le président serra virilement la main de Marie-Lou Benayoun. Il décida de l'a prendre par l'épaule comme pour lui témoigner son amitié :

"Madame Benayoun ! Je suis ravi de vous accueillir ici, je dois dire qu'il me tardait de vous recevoir! Venez, je vais vous conduire dans mon bureau"

Une fois que cela fut fait, il retourna sur les marches du palais pour attendre le président du FNAM.

[Philippe Moulin]

Mohamed Zeitoun avait été choisi pour représenter la communauté musulmane. Il arriva à Anthelme, le visage fermé, marqué par une colère qu'il essayait de canaliser. Il salua le Président mais ne manqua pas de dire, sur un ton impétueux, le visage rubicond, il fallait que ça sorte :

- Ce qui est arrivé est un pur scandale ! 3 blessés graves, dont deux qui sont entre la vie et la mort, un lieu de culte brûlé, vandalisé, souillé par la haine !

Il leva le doigt et interpela le Président :

- Monsieur Bertrand, ce qui s'est produit est ignoble, vous m'entendez ? Ignoble ! Infâme même ! C'est inadmissible dans une République ! Les gens sont en colère, je suis en colère !

[Marie-Lou Benayoun]

Marie-Lou recula de deux pas face à la violence et l'agressivité de ce Zeitoun. Il faut dire qu'elle avait une peur folle des Arabes, elle qui n'en avait jamais vu un d'aussi près depuis des années, et qui prenait bien soin de changer de trottoir quand elle en croisait un dans la rue.

Monsieur le Président, je vous préviens que je n'accepterai en aucun cas que l'URJF soit accusée de ces agissements qu'elle condamne, et que la communauté juive soit stigmatisée. S'il s'agit là du but de cet entretien, autant y mettre fin tout de suite.

[Daniel Gallon]

[EL Boulot oblige, je prends le train en route. /EL]


Une berline noire arriva dans la cour du palais présidentiel. Daniel Gallon en sortit et hâta vers l'entrée où on lui indiqua le lieu de la réunion. Au pas de course, il arriva un peu essoufflé (il faut rappeler que le Dany n'était plus de la première jeunesse et les 20 ans de consommation de tabac n'arrangeait pas grand chose... ^^').
Bonjour messieurs dames ! Excusez mon retard imprévu. Cette enquête me prend du temps. Et puis Aspen en fin de matinée, pour circuler ce n'est pas une sinécure ! (dédicace à Kaamelott ! )

[Philippe Moulin]

Zeitoun se tourna vers Marie-Lou, qu'il n'avait pas vu. Il lui tendit la main, poliment :

- Madame, je ne suis pas là pour vous stigmatiser vous ou la communauté que vous représentez. Je suis en colère après les auteurs de cet acte immonde !

Voyant que Daniel arrivait, il l'interpela, vertement :

- Que fait la police ? Que font vos services secrets ? Les coupables, y courent toujours ! Par Allah où est passé la Justice dans ce pays !

[Daniel Gallon]

Daniel parut quelque peu "froissé" par l'accueil de Monsieur Zeitoun... Il essaya de paraître calme malgré l'attaque.

Monsieur Zeitoun, je vous demande d'essayer de garder votre calme. Je comprends votre colère. J'ai été - et je le suis toujours ! - horrifié par cette attaque inqualifiable et lâche ! L'enquête continue son chemin. Il faut essayer d'être patient ! Faites confiance à la Justice s'il vous plait. Nous savons peu de choses pour le moment des auteurs ce crime. Oui pour moi, c'est un crime. Pour le moment, j'aimerais - de concert avec Monsieur le Président - que Madame Benayoun et vous-même essayer de trouver avec le Gouvernement une solution à une véritable harmonie entre vos deux communautés.

Daniel se tourna avec Madame Benayoun.
Je peux vous assurer que le Gouvernement n'a rien d'antisémite et ses prédécesseurs également. La Frôce a toujours oeuvrée pour l'autodétermination des peuples tout en garantissant au maximum la Paix. Personnellement, je considère le gouvernement israélien comme criminel avec les raids menés cet été. Idem pour le Hamas que je suis loin de porter dans mon coeur. Mais le Gouvernement ne signifie pas que tous les Juifs sont des "salauds" et des criminels. Par contre, il serait temps de se mettre au travail, qu'en pensez-vous ?

[Philippe Moulin]

- C'est bien joli votre discours, mais ça va pas réparer notre Mosquée ni même sortir nos frères du coma ! Pourquoi discuter sur l'harmonie entre nos deux communautés ? Vous avez vu des musulmans et des juifs se taper dessus ? Nous ne sommes pas en guerre entre nous. La priorité c'est punir les coupables ! Vous avez des soldats qui montent la garde ici, envoyez-les enquêter ! Mettez plus de moyens ! Vous êtes sensés assurer notre sécurité, non ?

Zeitoun eut un regard pour Marie-Lou en secouant la tête, l'air exaspéré par l'absence de piste sérieuse.

[Marie-Lou Benayoun]

Très honnêtement, je pense que cette entrevue est une impasse. Monsieur Gallon, Monsieur le Président, les choses sont claires : soit vous nous proposez des solutions immédiatement, solutions applicables de suite et efficaces, j'entends bien ; soit la Frôce va continuer à s'embraser par la faute du gouvernement. Que vous le vouliez ou non, vous êtes responsables de tout ce qui se produit actuellement. Davantage de neutralité de votre part, et surtout de la part de vos prédécesseurs, aurait sans doute évité que nous tombions dans une guerre des communautés comme aujourd'hui. L'URJF n'a rien de raciste ou islamophobe. Elle demande seulement que la communauté israélite de Frôce soit respectée et puisse vivre en paix sur le territoire, avec les mêmes droits que tout citoyen. Et cela devrait être la même chose concernant les autres communautés.

[François Bertrand]

Le président avait écouté attentivement chaque intervention. Il croisa ses jambes avant de prendre la parole :

"Mettons les choses au clair voulez-vous. J'apprécie pour l'un comme pour l'autre l'engagement que vous avez pris au service de vos communautés respectives. Cela dit, il est assez indigne de votre part d'agir avec si peu de courtoisie alors que vous avez été conviés de manière fraternelle à la présidence de la République, ce qui n'arrive pas tous les jours à tout le monde. Si vous êtes ici, c'est que la situation en vaut peine"

François marqua une pause.

"Je m'adresse donc à vous, M. Zeitoun, en vous priant de faire confiance à la justice de notre pays et à vous, Mme Benayoun, en vous demandant d'éviter certains sous-entendu qui laissent penser que selon l'URJF, l'Etat frôceux est responsable de la montée de l'antisémitisme dans notre pays. Prêtez nous au moins des intentions bienveillantes, à défaut de croire en notre sincère volonté d'unir et de gouverner pour tous les frôceux sans aucune exception "

Il adopta ensuite un ton sympathique mais insistant :

"Pour le bien de notre pays et pour la paix entre les communautés musulmane et juive, il serait fort appréciable que M. Zeitoun rappelle qu'il n'inclue pas tous les juifs dans l'expression de l'islamophobie en Frôce et que Mme Benayoun rappelle la ferme solidarité des juifs de Frôce avec les musulmans de Chouchenn, profondément heurtés dans leur foi"

Après avoir passé sur le plus dur, François but un verre d'eau fraîche et poursuivit avec bonne humeur :

"Mais dîtes moi, vos associations bénéficient t-elles d'une subvention ? Je crois fondamentalement qu'elles méritent d'être soutenues par la République pour leur utilité publique!"

D'abord le bâton, ensuite la carotte.

[Marie-Lou Benayoun]

Marie-Lou fut totalement agacée par l'attitude désinvolte et détachée du président de la République.

Monsieur le Président, avec tout le respect que je vous dois, sachez que votre détachement face à l'urgence de la situation actuelle me révolte. Croyez-vous vraiment que de simples déclarations de part et d'autre suffiront à mettre un terme à ce climat de violence ? Je ne le pense pas. De plus, permettez-moi de douter de votre bonne foi quand vous proposez à l'URJF une subvention gouvernementale alors que vos propres ministres ainsi que ceux de votre précédent gouvernement taxaient notre organisation de fasciste ou encore de groupuscule violent et dangereux. Écoutez, des valises de billets ne suffiront pas à éteindre la flamme. Pourquoi ? Car le contexte actuel ne dépend ni de l'URJF, ni du Conseil Musulman. Si les deux associations représentent très largement leurs communautés respectives, elles ne peuvent influencer l'ensemble de leurs individus. Les personnes ultraviolentes, qu'elles soient juives ou musulmanes, n'appartiennent en général à aucune organisation, et ne sont absolument pas cautionnées par ces dernières. L'URJF a dénoncé publiquement l'agression de la Mosquée de Chouchenn, et le fera pour chaque événement de la sorte.

Elle se servit rapidement un verre d'eau, le but cul-sec puis reprit :

J'ai l'impression que vous estimez que c'est à nous d'agir. Or vous vous trompez. Concrètement, la grande partie du travail vous appartient. C'est vous qui avez déclenché cette guerre des communautés, donc c'est à vous de la résoudre. À vous de redonner confiance aux Juifs et Musulmans de Frôce, mais à vous de trouver les solutions adéquates. L'URJF est prête à collaborer et à appuyer votre travail s'il va dans ce sens. Nous sommes aussi prêts à établir un dialogue permanent avec la communauté musulmane pour sensibiliser. Mais ce qui est certain, c'est que nous ne ferons pas, et ne voulons pas, faire le sale travail à votre place. Si je pouvais vous donner une piste, il s'agirait de lever totalement vos mesures punitives à l'encontre de l'État d'Israël, car ce sont elles qui ont déclenché ce vent de colère de la communauté israélite. Insulter Israël, c'est insulter les Juifs, et vous le savez très bien.

[François Bertrand]

"Ecoutez Mme Benayoun, nous partons d'un mauvais pied si vous ne cessez de dire que le gouvernement est responsable de l'antisémitisme. Je veux bien discuter, échanger, agir avec vous, mais il est hors de question que ce soit dans ces conditions"

François, toujours jambes croisées, les échangea délicatement.

"Les mesures punitives à l'encontre de l'Etat d'Israël ont été annulées par décret. Je le sais parce que j'ai rédigé moi-même le décret d'abrogation.
Je n'attends pas de vos organisations qu'elles résolvent à elles seules toutes les tensions communautaires, mais qu'elles se mettent côte à côte pour faire une déclaration de principe réaffirmant toute leur solidarité malgré les troubles qui ont eu lieu. Le gouvernement se chargera par la suite de réprimer tout acte antisémite ou islamophobe.
Insulter Israël n'est pas insulter les juifs. D'abord, entendons nous, il n'a jamais été question d'insulter l'Etat d'Israël mais d'appliquer des mesures de rétorsion au moment où il le fallait, ce que j'assume en bloc et en détail.
Si l'antisionisme peut être le masque de l'antisémitisme, l'antisionisme n'a rien d'illégal ni de condamnable. Je précise également que la République Frôceuse ne se sent pas concernée par l'antisionisme, elle est elle même attachée au droit pour Israël d'exister en tant que nation et peuple. Aussi quelque soit le vent de colère qui a été suscité au sein de la communauté israélite de Frôce, cela ne justifie en rien les attaques immondes contre des lieux de prière islamiques.
Il est de votre ressort et de votre organisation, l'URJF, de se rapprocher de l'Etat pour jouer le rôle de conseil et pour influer sur certaines nuances de la vie politique. Au lieu de rester dans une démarche de critique systématiques, adressez vous directement à moi et exprimez vos doléances, sans quoi elles ne resteront que lettres mortes si vous n'êtes pas capable d'avoir le même respect à mon endroit que celui que je vous porte"

Il fit signe au ministre de l'intérieur de lui remettre un almanach.

"Je vous propose concrètement une action commune à mener. Que diriez vous de participer à la création d'un centre culturel islamo-judaique destiné à recueillir toute documentation liée à l'Histoire de ces deux civilisations ? Ce serait un bon début déjà, no n?

[Philippe Moulin]

Zeytoun ne put s'empêcher de rétorque à Marie-Lou, toujours tendu et en colère :

- Vous plaisantez !!! Et le peuple de Palestine ? Vous pensez pas que vos amis israéliens les ont copieusement massacrés pendant des années ? En guise de traité de paix, ils colonisent de nouveaux territoires, réduisant la Palestine à l'état de colonie ! Israël n'a rien fait pour assurer la paix avec l'état de Palestine ! Rien ! Il est normal qu'il y ait eu des sanctions ! Des gamins y ont laissé leur peau ! Des innocents ! Tués par le Gouvernement israélien ! Alors pour la leçon de géopolitique, vous repasserez !

Il se tourna vers le Président et poursuivit, toujours aussi à cran :

- Vous êtes bien à l'aise Monsieur le Président ? Vous croyez qu'une enveloppe va suffire ? Madame Benayoun (il buta légèrement) a raison sur un point. Le problème vient d'ailleurs ! La haine est entretenue, par les extrémistes des deux parts ! Nous ne pouvons rien y faire ! Nos communautés ne sont pas composées de barbare primaires et violents ! Ceux-là n'ont rien compris au message d'amour du Coran ! Ces groupuscules sèment la terreur ! Ils assassinent nos frères, incendient la maison d'Allah ! Votre pot-de-vin ne résoudra pas le problème ! Faites votre boulot, les discours vous ont offert votre fauteuil, maintenant, il faut agir ! Retrouvez les coupables, démantelez ces groupes bref, protégez le pays de ces abjectes personnes !

Il secoua la tête, sa voix tremblait sous l'effet de l'émotion. Il lâcha, vif :

- Un centre culturel, pourquoi pas. Mais ça ne va pas régler le problème et prévénir de nouvelles attaques. On ne négocie pas avec des terroristes. Ce sont des fanatiques, ils tuent sans remords. Et les belles paroles n'y changeront rien !

[François Bertrand]

"Je suis ravi de voir que vous êtes favorable à l'idée d'un centre culturel, M. Zeitoun. Qu'en pense Mme Benayoun ?"

François se permit de jeter un œil sur le décolleté de Marie-Lou Benayoun. Il l'avait déjà remarqué auparavant, mais il fallait reconnaître que cette femme avait un charme manifeste. Elle sentait bon en plus.

"Ecoutez, je pense avoir compris que vous voulez des actes concrets pour rétablir la paix sociale. Je vais me rendre dès ce week-end au Consistoire d'Aspen pour dire à tous les juifs de Frôce qu'ils sont à l'avant-garde de notre République. Ils ont besoin de savoir que sans eux, la Frôce ne serait pas la Frôce. Que l'Etat est à leurs côtés pour que ne se reproduisent plus jamais les actes dignes du IIIe Reich. Je ne veux pas laisser mon pays se diriger vers un populisme antijuif, de ce point de vue je peux comprendre la colère des juifs face à la montée immonde d'un sentiment nauséabond partout dans le monde"

Se tournant ensuite vers le représentant musulman :

"M. Zeitoun, prière de garder votre calme. Mme Benayoun n'est pas la représentante en Frôce de l'Etat d'Israël, elle n'a donc pas à souffrir de vos procès d'intention. Je vous demanderais également de baisser d'un ton, on ne dialogue pas ainsi. Depuis tout à l'heure vous ne dialoguez pas, vous vociférez. Si vous voulez parler, parlez. Mais je ne vous laisserai pas me manquer de respect comme vous le faîtes dans vos propos"

Il tendait la perche à Mohamed Zeitoun. Au moindre faux pas, il l'expulserait du Palais et en ferait son affaire personnelle.