Visite de MSI

Modérateur : Président de la République

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Marc de St Imberb
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Message par Marc de St Imberb »

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Marc avait quitté des années plus tôt le Ministère pour lequel il venait d'être rappelé. Quand il avait raccroché de la politique après son dernier mandat, il savait cependant que les évènements allaient le rappeler. C'est néanmoins avec émotion qu'il s'était assis sur le fauteuil en cuir du bureau de l'Esplanade de la Liberté, contemplant le drapeau frôceux à sa gauche et la pile de dossiers qui l'attendait à sa droite. Dans la soirée, il était sorti manger au Kilimandjaro un excellent morceau de boeuf accompagné d'un Bordeaux. Puis il avait reçu un sms de François Bertrand sur son Galaxy Note : le Président l'attendait à Anthelme.

Marc s'était fait conduire par son chauffeur à Anthelme. Pour son mandat, il avait demandé à ce que soit utilisée sa Finacci 450 qu'il affectionnait tant, et non les Sapporo-Gesca super moches commandées à chaque fois. Une fois déposé au palais présidentiel, il fut conduit directement devant la porte du Président. Anthelme, même à 22H, était encore en ébullition. Il faut dire que Bertrand ne supportait pas de voir ses services au repos dans de telles périodes de crise... De St Imberb était satisfait de l'idée de rencontrer à nouveau un vieil adversaire et camarade.

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François Bertrand
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Re: Visite de MSI

Message par François Bertrand »

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François s'était affalé sur le sofa du bureau présidentiel afin de se décontracter. Plus tôt dans la journée, il y avait eu le premier conseil des ministres du gouvernement de transition. Et toute la journée, les services du Palais bourdonnaient de cellule en cellule, de département en département. Des notes circulaient de haut en bas, de gauche à droite. Certaines d'entre elles atterrissaient sur le bureau de François, qui les lisait avec attention, puis commentait leur contenu en annotant une remarque sur la marge avec son stylo plume noir de marque Waterman.
Selon ce que comportait la note adressée au président, que ce soit une simple information des services secrets, de l'administration ou une demande d'autorisation, François répondait de différentes manières : "Vu", "Refus", "Faute d'orthographe!", "Vous êtes viré!". Il avait passé la journée à écouter les messages de félicitations de ses homologues européens puis étrangers. C'était assez réjouissant de se savoir faire partie de la cour des Grands de ce monde. Il y avait comme une différence entre la politique de comptoir, plus informelle, et la grande politique d'Etat. Déjà Dilma Roussef lui proposait un déjeuner en août et plusieurs ambassadeurs établis à Aspen souhaitaient le rencontrer.

Une des secrétaires du cabinet présidentiel sonna sur la ligne du bureau où était François. Il appuya sur une touche pour décrocher. Le haut parleur, de qualité rare, laissait entendre une voix féminine assez agréable à écouter :

"Monsieur le président, Monsieur de St Imberb sur Lison est arrivé au Palais.
- Faîtes le entrer Nathalie. Je suis prêt à le recevoir"

Avant de raccrocher, il rajouta :

"Dîtes moi, Nathalie, avez-vous convoqué le conseil de défense pour la semaine prochaine comme je vous l'avais demandé ce matin?
- Euh...
- Faîtes le immédiatement. Le pays est à un stade où toute forme de lenteur devient insupportable ! Pour la peine, vous rentrerez à deux heures du matin au lieu de vingt trois heures. Il y a du pain sur la planche. Moi non plus je ne dors plus depuis jeudi, suivez l'exemple de vos collègues !
- Entendu, monsieur le président"

Un officier d'honneur ouvra la porte et annonça le ministre de la justice.

François se leva de son sofa, demanda à ce qu'on lui serve un trait de whisky.


"Mon ami ! Marc ! Je suis très heureux de vous revoir. De l'eau a coulé sous les ponts depuis notre dernière rencontre. Que voulez-vous boire ?"

Il l'invita à s'asseoir.
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Marc de St Imberb
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Re: Visite de MSI

Message par Marc de St Imberb »

Marc s'assit sur le fauteuil en face du sofa en prenant soin de ne pas faire de faux-plis à son costume fait sur mesure par un tailleur d'Anglès. Il ajusta sa montre Baume&Mercier qui avait la facheuse tendance de ne pas tenir à son poignet et contempla les moulures aux plafonds.

- Un Earl Grey avec un nuage de lait, ça sera parfait. Depuis que j'ai découvert que ma famille a des liens avec les Windsor, je me sens comme irrésistiblement attiré par le thé et le Chutney ! Blague à part, félicitations pour votre accession au sommet. Vous êtes un Président qui va marquer l'histoire, c'est certain.

Marc marqua une pause pendant laquelle il regarda par la fenêtre.

- Quand j'étais ici, j'adorais ce bureau. C'est encore un des rares bureaux de chefs d'Etats européens qui peut se targuer de connaître encore des dirigeants indépendants sur la scène internationale, et ça se ressent jusque dans les murs. Je me demande même comment les ampoules des appliques murales font pour ne pas exploser face à toute cette tension palpable. Vous savez, François, je pense honnêtement que le Président frôceux est l'un des plus puissants de la planète. Parce qu'il incarne encore une voix diplomatique respectée et indépendante.
Vous m'avez demandé comment j'allais; ma foi très bien, prendre une retraite dans ma propriété à quelques encablures d'ici m'a permis de recouvrer la santé. Zéro pépin à l'horizon ! Et pour le reste, je ne m'ennuie pas.
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François Bertrand
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Re: Visite de MSI

Message par François Bertrand »

- Et bien, vous m'envoyez ravi, cher ami. J'avoue m'être franchement soucié de votre état de santé.

Il but une gorgée en grimaçant. Le goût du Bourbon pur l'avait manqué. Il esquissa un sourire en levant son verre :

"J'avoue le préférer avec un peu de miel dedans"

Il le posa ensuite sur la table basse avant de croiser ses jambes.

"Vous êtes bon vivant, j'aime beaucoup ça. Et malgré ça, vous tenez encore à l'âge qui est le vôtre. Parfois, Marc, il m'arrive de regretter m'être trop souvent consacré exclusivement au travail... J'aurais bien voulu faire la tournée de certains restaurants de province pour y savourer les mets les plus raffinés, organiser plus de soirées animées pour partager avec mes convives quelques moments d'évasion. J'ai la cinquantaine, et j'ai l'impression d'avoir manqué certaines choses. Voyez-vous, à vingt ans je me voyais remplir ma vie de tant de péripéties, tant d'expériences singulières. Tenez par exemple, je n'ai toujours pas réalisé mon baptême de saut en parachute. C'était un rêve. Je n'ai pas non plus été en croisière"


Il s'autorisa brusquement un moment de réflexion. Ensuite, il s'efforça de retirer ses chaussures de marque l'une après l'autre et de les poser sur la moquette. Il desserra ensuite sa cravate.

"Je suis plus à l'aise comme ça. Depuis ce matin je suis contracté et tendu. Ce lourd fardeau que vous avez sur les épaules, cette sensation étrange d'avoir plus de responsabilités que vous ne pouvez supportez, ça vous est déjà arrivé ?"

Il scruta un instant le tableau d'Etzel de Symphorien datant de 1893. Une formidable peinture d'huile sur toile où étaient côte à côte un prête et un rabbin avec une allégorie quelque peu singulière qui laissait place à l'interprétation.

"Observez ce tableau. Je me suis toujours interrogé sur sa présence dans ce bureau. Peut-être est-il là pour signifier au chef de l'Etat en exercice le lent processus d'intégration qui a fait la Frôce telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'idée d'un pacte sacré à ne pas briser, parce qu'il constitue le socle de l'unité nationale. Au moment où je conduis ce gouvernement d'unité au sein duquel vous avez votre place, ce tableau a pour moi un sens particulier. Vous qui avez déjà été président de la République, savez-vous lequel de nos prédécesseurs l'a accroché ici ? Je crois savoir qu'il renvoie à l'oeuvre de laïcisation du Royaume au XIXe siècle"
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Re: Visite de MSI

Message par Marc de St Imberb »

En effet. Je ne sais qui de Richard ou de Paul II a accroché ce tableau; en tout cas, quelle vision que celle d'avoir lancé la laïcisation du royaume, et quel courage. C'est peut être la vertu qui manque le plus aujourd'hui en occident : le courage politique.

Marc but une gorgée de thé.

Si cela m'est déjà arrivé de sentir trop de poids sur mes épaules ? Bien entendu. Mais en ce qui vous concerne, vous n'avez pas à rougir du travail accompli et de la gestion des affaires publiques que vous avez accomplie pendant toutes ces années. Et tout ceci est loin d'être fini...

Il s'adossa confortablement sur le fauteuil, desserrant un peu sa cravate. Il se sentait heureux, d'être revenu aux affaires, de connaître encore des soirées à Anthelme. Il lui prit une envie de fumer, une des ces envies passagères qui lui prennent certains soirs dans la semaine.

François, vous avez une cigarette, par hasard ? Je ne fume plus régulièrement, voyez cela comme le signe de ce que je vis : un moment de qualité avec un interlocuteur de qualité.

Il sourit puis poursuivit...

Cependant sans me la jouer philosophe, je dois avouer que j'ai encore une impression d'inachevé, également. Connaître plus de cinq postes ministériels, un poste de chef de gouvernement et un poste de chef d'Etat rend une vie bien remplie, mais ce qu'il me manque est davantage... Intérieur. Vous savez, j'ai fait une grosse dépression lorsque j'ai arrêté la politique, en démissionnant de mon poste de Président. Pas de femme, ma fille Julie à l'étranger, presque plus d'amis, plus d'affaires publiques... J'ai bien pensé à me brûler la cervelle. Puis j'ai appris à chercher le bonheur dans chaque moment. Cuisiner un Gaspacho, cultiver un petit potager, lire du Proust, conduire une vieille Maserati... Et je m'en suis sorti ainsi. Et je n'ai plus jamais été malheureux.
Cela m'ennuie presque de vous parler de ça, mais vous devez saisir, je crois que l'on ressent plus ou moins les mêmes choses !
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