[Fiction] Le syndrome de Sevran

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Gavroche Finacci
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Message par Gavroche Finacci »

Chapitre 15
Les douces soirées


Mardi 30 juin 2015
Pour Konstantínos, le grand soir est arrivé, il a l'opportunité de revivre les émotions de l'Euro 2004 sur le terrain face au même adversaire. Il sait que vu le niveau actuel de l'équipe nationale A grecque, c'est peut-être sa plus grande chance de gagner un trophée international, et il ne compte pas la laisser passer.

Le parcours aura été difficile pour les grecs, dans le groupe de l'Italie, de l'Angleterre et du Portugal, ils auront eu chaud plus d'une fois. Après la défaite initiale contre l'Angleterre, ils ont vu l'élimination de très près lorsque l'Italie menait à la mi-temps contre eux, mais finalement après une égalisation arrachée en début de mi-temps par ses coéquipiers, Konstantínos a enfin été le joueur décisif que l'on attendait en obtenant et convertissant un pénalty à cinq minutes de la fin.

Lors de la dernière journée de groupes, les grecs ont encore une fois frisé la correctionnelle, si le très net avantage pris par l'Italie contre les anglais les a rapidement poussé à jouer pour un match nul qui les qualifie désormais, les portugais ont été moins calculateurs et se sont lancés à l'assaut du but grec en espérant finir sur une victoire. A huit minutes de la fin, le plan des grecs semble échouer lorsque le Portugal ouvre le score sur un corner, mais une nouvelle fois Konstantínos endosse sa panoplie de sauveur sur une frappe de 25 mètres à la 89e minute du match.

Ironiquement, le match le plus simple aura été la demi-finale contre le Danemark, les grecs ont vite creusé l'écart, menant 2-0 avant la demi-heure de jeu avant de mener des contres particulièrement ravageurs, voguant tranquillement vers un succès sur le score de 5 buts à 1 alors que dans le même temps les portugais ont atomisé l'Allemagne 5-0.

Vu la forme exceptionnelle montrée par les deux équipes en demi-finale et l'envie de revanche des portugais après le mini-braquage du premier tour, le match s'annonce particulièrement disputé. Konstantínos a d'ailleurs voulu mettre toutes les chances du côté hellène et a gentiment profité de son coup de téléphone quotidien pour demander à Louis de préparer des poupées vaudou à l'effigie de l'ensemble des joueurs portugais.

Lors des premières minutes du match, on sent bien qu'il s'agit d'une finale, les deux équipes se jaugent et l'enjeu prend clairement le pas sur le jeu, il n'y a pas une seule occasion intéressante.

C'est donc fort logiquement qu'à Sevran, on porte un peu plus attention aux conversations en cours qu'au match, portant sur des sujets aussi passionnants que la dernière conquête de Gabriel, l'impatience de Khalid de recevoir les nouveaux survêtements de l'équipe le lendemain, les actuels étant tous tachés ou encore les progrès de Valentino dans le dessin de croix nazies sur les affiches du Parti Pour la Liberté.

Les jeunes sont tellement absorbés par leur conversation qu'ils en manquent presque la première action intéressante du match avec le meurtre de trois pigeons par un ailier portugais, un scène qui ne manque pas de rappeler les douces soirées multiplex Ligue 1 vécues par l'ensemble des protagonistes, Kasumi exceptée.

Le ton reste le même pour la suite de la première mi-temps qui est marquée par peu de rythme et beaucoup de maladresses techniques, on atteint un tel point que Louis se saisit de la télécommande pour vérifier si le gérant de la pizzeria n'avait pas confondu la finale Grèce - Portugal avec une confrontation entre Troyes et Nancy. Khalid, encore amèrement marqué par la déconfiture subie à Troyes, proteste en disant que l'exemple est mal choisi.

Quoi qu'il en soit, la mi-temps délivre enfin les téléspectateurs de cette immonde purge, moment choisi par Gabriel pour préparer son cocktail préféré, l'orange à la vodka, le principe étant de mettre un volume de jus d'orange pour quatre volumes de vodka directement ramenée de Pologne par Daniel.

Moins bien préparée que son père à ce genre de cocktail, Kasumi semble assommée dès le premier demi-verre, le point positif étant qu'elle restera moins ridicule que Bruno qui se lance dans de somptueux chants paillards qui semblent indiquer une vive obsession pour la sodomie en ce jour de match contre les grecs.

Forcément, dans de telles conditions, la deuxième mi-temps est bien moins bien suivie par nos amis, et hélas elle semble du même tonneau que la première jusqu'au premier frisson du match, à la 64e minute, sur un bon centre portugais, le buteur lusitanien ne parvient pas à cadrer de la tête.

Frémissement que Gabriel n'aura pas eu l'occasion de voir, KO après 3 verres, chose qui provoqué l'hilarité de Louis qui a toujours sur que son ami se montrait parfois petite nature. Mais les moqueries sont vite interrompues par la veste de Caroline atterrissant sur le visage de Khalid. Bien éméchée, elle semble s'être décidée à entamer un strip-tease sans aucune raison, heureusement Khalid et Valentino la retiennent avant qu'elle fasse quoi que ce soit d'autre en lui disant "Fais pas de connerie, toi aussi t'es bourrée".

Alors que Mohamed, qui est le seul sobre, se décide à ramener les plus mal en point chez eux, on entend Valentino insulter copieusement l'arbitre, ce coup-ci non pas en raison de l'alcool, mais d'une simulation grecque qui n'a pas très bien marché.

A la 80e minute, le match semble enfin décoller, les portugais se lancent à l'offensive de toutes leurs forces, tout d'abord sur une percée de leur buteur qui sera rattrapé à l'ultime moment par l'arrière droit grec. Puis ensuite, sur un coup franc à l'entrée de la surface qui vient se fracasser sur la barre transversale grecque.

Les espaces étant ouverts, les grecs se lancent alors dans leur spécialité, leurs contres pleins de dynamisme, et Konstantínos qui était jusque là quasiment invisible entre enfin dans son match avec une superbe course sur son aile droite, malheureusement la reprise de volée du buteur grec sur le centre qui suit s'envole dans des tribunes bien mal garnies.

La dernière action du temps réglementaire est portugaise, sur un corner bien tiré, le buteur portugais cadre bien sa tentative de la tête, mais heureusement pour les grecs, un défenseur parvient à repousse le ballon de la tête, avant que le ballon ne retombe sur Konstantínos qui l'envoie si loin que l'arbitre n'offre pas de chance supplémentaire aux portugais.

Le match va donc aller en prolongations, Daniel propose avec enthousiasme une nouvelle tournée, mais manifestement Khalid, Louis, Valentino et Marc ne partagent pas son enthousiasme, personne ne veut se réveiller à l'hôpital le lendemain. Même en tant qu'habitués des lieux après leurs multiples bagarres, personne n'a vraiment envie d'y passer de belles journées d'été.

Marc, qui est le plus concentré sur le match et qui a appris à connaitre le style de Konstantínos se veut assez optimiste, à ses expressions faciales il semble avoir bien économisé son énergie, ce qui n'est manifestement pas le cas côté portugais.

Et les impressions de Marc semblent vite se confirmer, Konstantínos semble vraiment intenable dans son couloir droit, réussissant deux belles percées en ce début de prolongations, malheureusement son centre est trop long sur la première et sa tentative en solo sur la seconde est bien anticipée par le portier portugais.

Pris à la gorge, les portugais peinent à se montrer dangereux, leur plus belle action de la première moitié de ces prolongations survient à la 101e minute, lorsque leur meneur de jeu tente un lob du milieu du terrain, le geste est superbement effectué, mais le portier hellène revient à temps et empêche le ballon de franchir la ligne.

La domination reste grecque, et à la 104e minute, Konstantínos obtient un très bon coup franc pour son équipe. Il tente de le transformer lui-même, mais son tir s'écrase sur le poteau droit portugais alors que le portier adverse semblait enfin battu. Tout reste donc à faire après 105 minutes de jeu, lorsque l'arbitre ordonne le changement de côté.

A la 109e minute de jeu, la fatigue des portugais se fait encore ressentir lorsque Konstantínos parvient une nouvelle fois à percer la défense portugaise sur son côté droit. Une nouvelle fois, il envoie le ballon dans la boite, ce coup-ci c'est l'ailier gauche qui repique vers le centre à toute vitesse et qui assène une tête plongeante qui finit enfin au fond des filets offrant l'avantage à la Grèce.

A Sevran, la réaction est pour le moins euphorique, tous les spectateurs bien mis en difficulté par le breuvage de la soirée applaudissent timidement en rigolant, alors que Daniel plus motivé que jamais lève un verre pour célébrer ça.

Fort logiquement, l'entraineur grec ordonne immédiatement le repli de ses troupes pour assurer les dix dernières minutes face à des portugais fatigués. La consigne ne plait pas vraiment à Konstantínos qui pensait qu'il y avait la place pour en mettre un deuxième, mais ce n'est pas le moment de se brouiller avec son entraineur.

Fatigués, les portugais ne semblent capables de briller que sur les phases arrêtées. comme cette tête sur un corner à la 114e minute qui passe de peu à côté, ou encore le coup franc de la 117e minute qui est miraculeusement claqué par le portier grec.

A la 119e minute, les portugais bénéficient d'un énième corner, ils décident d'exécuter une combinaison, le tireur n'envoie pas le ballon dans le paquet mais vers son buteur, judicieusement démarqué à une vingtaine de mètres du but. Celui-ci a tout son temps pour ajuster un tir de loin, qui finit à quelques centimètres du poteau gauche grec.

Désormais, plus rien ne peut arrêter les grecs. Après les échecs de 1988 et 1998 en finale, les espoirs grecs remportent leur premier titre de champions d'Europe. Konstantínos va enfin pouvoir soulever un trophée autre que celui de la fête de son école.

Bien entendu à Sevran, l'heure est à l'euphorie, Daniel propose en beuglant une nouvelle tournée générale. Offre immédiatement rejetée par Valentino, qui sur un geste d'humeur, a fracassé une bouteille sur le nez du portier polonais. Pour essayer de calmer les choses, Marc propose aux autres de se réconcilier autour d'un petit Mario Kart, seuls Khalid et Louis rejettent l'offre, voulant terminer au calme la conversation qu'ils avaient initiée au sujet du hip-hop.

Alors qu'à Prague, Konstantínos et ses coéquipiers s'apprêtent à de longues célébrations, l'ambiance est plutôt à la fin de soirée dans l'appartement de Marc, dont le prêt à Sevran a été prolongé il y a quelques jours. Daniel et Mohamed discutent du recrutement à venir, le consensus parmi eux est au renforcement de la défense, l'équipe de rêve des jeunes étant superbement armée au milieu et en attaque, il serait bête de ne pas en profiter.

Marc et Valentino, eux, discutent de la direction générale prise par le football. Valentino regrette amèrement le manque de panache dans le football moderne, il pense que le football a besoin de faire rêver pour rester le premier des sports. Et ce n'est pas avec de la passe à dix qu'on va soulever les foules mais avec des prises de risques constantes.

Marc est plus pragmatique dans son analyse, ce qui est beau dans le football, ce n'est pas seulement de voir les filets trembler ou un adversaire pleurer après une fracture, mais le fait de savoir que tout peut potentiellement arriver à n'importe quel moment, et ça, rien ne pourra l'ôter, pas mêmes les tactiques les moins emballantes.

Le lendemain après-midi, loin de ces considérations sportives, Khalid est réveillé par sa soeur Sabrina qui le prévient qu'un colis est arrivé. Le jeune milieu de terrain se doute bien qu'il s'agit des survêtements du club, il va enfin pouvoir se débarrasser des vieilles guenilles qu'il portait jusque là.

Quand Khalid ouvre le colis, il a l'air extrêmement choqué. Il prend alors ledit colis avec lui et marche jusqu'à l'appartement de Gabriel en lui demandant s'il a lui aussi subi l'erreur sur la couleur des survêtements. Gabriel lui montre alors son écran d'ordinateur, affichant une photo avec un premier maillot noir et rouge et un second maillot blanc et noir et lui dit que ce n'était pas une erreur.
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