Hôtel de Ville

[Charles Lubenac]

Charles se présenta dans le hall d'entrée et accueillit Valentino Borgia.

Bonjour monsieur Borgia, je vous félicite pour votre victoire à Nobles. Venez discuter dans mon bureau.

[Valentino Borgia]

Merci merci Monsieur Lubenac.
Et c'est avec tout le poids de la responsabilité de cette élection que je viens vous voir.

Je cherche à développer des partenariats privilégiés entre Nobles et d'autres communes. Pour l'heure, la région Piémont semble la plus motivée à participer.
Chouchenn a proposé qu'une antenne de son université soit ouverte à Nobles pour que les jeunes étudiants de Nobles puissent bénéficier de l'enseignement de qualité de Chouchenn.

[Charles Lubenac]

Effectivement, Nobles a besoin du soutien des autres villes de Frôce pour sortir de son ornière et je suis tout à fait prêt à aider cette ville. La contribution d'Anglès pourrait consister en une enveloppe de quelques centaines de milliers de pluzin pour l'entretien de la route qui mène à Nobles et qui est, nous le savons tous, assez chère à entretenir avec tous les éboulements réguliers et l'usure de la route.
Si vous avez besoin d'autre chose, je vous écoute.

[Valentino Borgia]

Effectivement, votre proposition est cohérente avec le projet touristique que j'ai pour ma commune.
Si je veux que Nobles devienne un haut lieu thermal et touristique, il faut que tout un chacun puisse s'y rendre sans risquer les éboulements et les conditions de circulation périlleuses.
Je souhaite donc élargir la route qui relie le reste de la Septimanie à Nobles.

En ce qui concerne un autre projet sur lequel nous pourrions nous accorder, c'est justement un échange si l'on peut dire. Je crois savoir,mais corrigez moi si je me trompe, que la mairie organise des voyages pour les personnes âgées ou des colonies pour les plus jeunes. Pourquoi ne pas développer un partenariat privilégié à des tarifs très compétitifs afin que votre offre municipale de voyages et colonies soient complétée par une offre à destination de Nobles. Qu'en pensez vous ?
Mon objectif est d'ouvrir le Piémont aux Pyrénées alors que nous savons que la destination préférée des Piémontais reste les Alpes.

[Charles Lubenac]

Effectivement, l'idée de faire découvrir les Pyrénées aux piémontais est une excellente idée. En tant qu'anglésien de naissance, c'est vrai que je ne connais que les Alpes. Dans ces cas-là, l'idée de départs organisés dès l'été est possible. Il nous suffira d'affréter des bus et de régler tout ce qui touche à l'organisation. Puis même l'hiver, que les anglésiens aillent goûter les pistes de ski des Pyrénées pour une fois !
Votre projet m'emballe monsieur.

[Valentino Borgia]

J'en suis ravi.
Peut être puis je vous laisser vous renseigner sur l'estimation de la mise en place de bus à intervalle régulier entre nos communes et ensuite nous nous reverrons pour discuter du partage des frais.
Cela vous convient il ?

[Charles Lubenac]

Tout à fait monsieur Borgia, je vous tiens au courant !

[Charles Lubenac]

Un grand rassemblement à l'initiative de la mairie se tenait Place de l'Hôtel de Ville. Le thème était le soutien à la réforme de code des collectivités territoriales ouvrant la voie à la création des provinces. Charles Lubenac était présent avec tout ses administrés. La place était noire de monde, des châpitaux étaient levés, on voyait même des tentes. Charles faisait le tour de la Place, saluant de temps à autres les anglésiens et discutant avec eux de l'entêtement du gouvernement à vouloir bloquer cette réforme. Finalement, Charles apparut sur le parvis de l'Hôtel de Ville pour prononcer un discours très attendu aussi bien par les anglèsiens que par les médias.

Aujourd'hui la Frôce a un rendez-vous avec la démocratie. Il est temps d'abolir ce système gouvernemental centralisé hérité de la dictature qui n'est pas si loin derrière nous. Il n'est plus normal aujourd'hui que l'Etat vienne mettre directement son nez dans les affaires des communes ou des communautés de communes qui veulent lancer une action publique. Les affaires locales doivent être laissées aux collectivités et les affaires nationales à l'Etat. La règle est aussi simple et même similaire au principe du "chacun chez soi".
Le Grand Piémont n'est plus un rêve et est en passe de devenir réalité. Nous pourrons enfin unir notre région derrière une bannière reconnue par l'Etat et regrouper ensemble les trois grandes villes de la province vers un but commun. Anglès, Hofbach et Symphorien sont trois passagers d'un même bateau qui va vers la réussite économique au niveau européen. Pour cela nous avons besoin d'une gouvernance régionale et nous comptons bien l'obtenir.
Je condamne l'attitude du gouvernement qui s'oriente vers une attitude de blocage contre cette réforme. C'est bien la première fois que je vois une gauche réticente à la décentralisation. Le but est-il simplement de s'opposer ? Peu importe, le gouvernement refuse d'écouter les frôceux et s'emploi à détruire le texte de Pommier et Von Bertha à coup d'amendements mortifères qui ôtent l'âme d'origine du texte.
En cas de signes de refus de la part du Gouvernement, nous avions promis des actions fortes.
Charles se tourna alors vers les journalistes
Nous tenons donc notre promesse et j'annonce ici même, que la Place de l'Hôtel de Ville sera occupée jour et nuit par les anglésiens jusqu'à l'adoption du texte. Nous ne lèverons pas le camp tant que le texte ne sera pas adopté et nous continuerons à crier notre colère contre le Gouvernement. Les arquebusiers d'Anglès seront mobilisés dans le même temps pour assurer la sécurité du mouvement et empêcher des troubles à l'ordre public. Nous sommes ici pour Anglès et le Grand Piémont, tout casseur serait en dehors du mouvement par la teneur même de ses actes.
Les bénévoles du mouvement seront aidés par les éboueurs de la ville pour garder le lieu propre. Les restaurateurs et épiciers locaux du centre-ville sont prêts à fournir des vivres tout au long du mouvement. Enfin, le circulation automobile dans le quartier de l'Hôtel de Ville est strictement interdite jusqu'à nouvel ordre par un arrêté qui sera affiché sur la porte de l'Hôtel de Ville sous peu.
Un dernier mot, j'invite tous les maires qui soutiennent cette réforme à suivre l'exemple d'Anglès. J'invite aussi tous les frôceux à suivre leur maire s'il venait à accepter une occupation de l'Hôtel de Ville semblable à celle de notre métropole. Peut-être le gouvernement nous entendra-t-il.

Charles fut applaudi par les anglésiens. Il se rendit directement dans son bureau pour rédiger le fameux arrêté...

[Charles Lubenac]

Charles était dans son bureau de l'Hôtel de Ville. Il était de retour à Anglès après un séjour au Parlement à Aspen. La place de l'Hôtel de Ville était toujours occupée par les anglésiens mais étant donné que les débats à l'Assemblée s'orientaient vers une adoption du projet, la mobilisation avait faiblit. Néanmoins, Charles restait persuadé qu'un rejet surprise suffirait à rallumer la flamme. Il rédigea alors un arrêté prêt à être publier et tenu secret si jamais des violences éclataient consécutivement à un éventuel rejet du texte. Il gardait en tête les violences urbaines d'Anglès à la suite de la victoire de Bastien Pommier aux législatives et ne voulait surtout pas se retrouver avec un autre décès sur les bras.

Considérant que le risque de violences urbaines est très important, le Maire décrète:

Article 1: Le couvre-feu est décrété dans toute la ville pour un délai indéterminé. Seul le maire sera habilité à lever cette restriction de circulation sur la voie publique. Les anglésiens sont invités à rester chez eux aux heures mentionnées dans cet arrêté.

Article 2: La circulation en ville après 21 heures et jusqu'à 5 heures est interdite. Toute personne contrevenant à la règle sera interpellée.

Article 3: L'ensemble des arquebusiers d'Anglès est réquisitionné pour assurer le maintien de l'ordre en ville.
Article 3bis: En cas de violences envers les forces de l'ordre, l'utilisation du flash-ball, de gaz-poivre et de gaz lacrymogène par les forces de l'ordre est autorisé.

Article 4: La circulation des transports en commun entre 21 heures et 1 heure du matin est suspendue pendant la durée du couvre-feu.

Les mesures lui paraissaient vraiment excessives, à la limite de la légalité mais il mit le papier sous scellé et le rangea dans un tiroir de son bureau. Il espérait sincèrement que le texte de loi serait adopté pour éviter d'affronter de nouvelles émeutes urbaines. Anglès possédait de nombreux atouts mais était à la pointe de la rébellion, un peu trop à son goût même.
Mais que se passerait-il si ça dégénérait vraiment ? N'était-ce pas lui après tout qui avait initié ce grand rassemblement citoyen pour la défense du projet de loi ? Le gouvernement se saisirait de cet argument pour le désigner comme seul responsable, il en était certain.
Puis finalement il se dit que le texte serait adopté sans encombre. Il ferma le tiroir, tourna la clé et la rangea dans sa poche...

[Charles Lubenac]

La loi étant sur le point d'être votée, la place fut libérée et le centre-ville rouvert à la circulation. Le bilan pour cette action était satisfaisant puisque aucune violence n'était à déplorer pendant la longue semaine d'occupation. Charles s'empressa de détruire l'arrêté secret et reçu son adjointe chargée des finances, Francesca Migliana.

-Monsieur le Maire, pour le premier quart de votre mandat, la dette de la ville s'est abaissée de 19.5%, soit une diminution équivalente à 140 millions de pluzins sur les 700. L'absence de grands travaux hormis le métro et votre plan d'assainissement des finances publiques ont contribué fortement à ce résultat.
-Excellente nouvelle ! Le plan d'assainissement arrive à échéance le 9 septembre. A ce moment-là vous me ferez un nouveau rapport et nous demanderons un nouvel audit de la ville pour vérifier. En attendant, je ne me vois pas faire les efforts supplémentaires demandés par le ministère. Les anglésiens ont consenti à une hausse des impôts et du prix des transports en commun. Je ne peux pas faire plus et il est hors de question de réduire le budget éducation qui est notre plus gros poste de dépenses. La sécurité ne sera certainement pas mise au régime sec vu la réputation bouillonnante de la ville de temps à autre. Quant à l'entretien de la voirie, il m'est impensable d'y toucher. Endettée ou pas, Anglès ne sacrifiera pas sa propreté pour réduire sa dette.

Mme Migliana acquiesça, échangea encore quelques mots avec le maire. Elle fut rejointe par le premier adjoint, Fabio Lucio et l'adjoint chargé des travaux publics.

Bonjour messieurs, nous devons entériner le projet de construction d'un Palais Provincial qui servira de siège à la province du Grand-Piémont. Comme vous le savez, Anglès sera la capitale de la Province. En tant que capitale, elle accueillera les services provinciaux mais aussi des séances du conseil provincial qui siégera à la fois ici et à Symphorien. Le Gouverneur y disposera de son bureau. La ville d'Hofbach accueillera la régie provinciale des transports.
Je propose de faire appel à la société de Poudou pour construire le palais et je souhaite le voir à Porte de Frôce.

[François Logan]

Un courriel du Secrétaire d'État Chargé de l'Asile et de la Migration arriva à la Mairie d'angles.

Monsieur le Maire,

Suite à l'Arrêté municipal AMXXX-15-06-15 de votre ville, concernant les migrants en provenance d'Italie du Sud.
Le Secrétaire d'État, François Logan, tient à se déplacer le 27 Août 2015 dans votre ville afin de voir de très près la situations et ainsi trouver ensemble avec votre coopération indispensable une solution.
On n'espérant que cette date ne vous pose aucun problème, si tel est le cas, merci de nous communiquer si possible une date qui pourrait vous convenir.

Veuillez recevoir, Monsieur le Maire, mes salutions distinguées.
Le Secrétariat du Secrétaire d'État.

[Charles Lubenac]

Monsieur le Secrétaire d'Etat,

La Mairie d'Anglès est tout à fait disposée à recevoir une visite de votre part le 27 août. La question migratoire est en effet un sujet très important qui touche toute la Lombardie. Les flux sont en constante augmentation en provenance de l'Afrique du Nord et le Moyen Orient.
Au plaisir de vous recevoir,

La Mairie d'Anglès

[Charles Lubenac]

La place de l'Hôtel de Ville était pleine. Les gens se massaient devant les écrans géants retransmettant les informations en direct. Dans le hall se trouvaient les personnalités de l'URF avec les journalistes qui prenaient la température tandis qu'Angela occupait le bureau du maire pour l'occasion. Au fur et à mesure que les heures passaient la tension montait. Les résultats du premier tour étaient attendus fébrilement. Charles espérait de tout coeur voir le visage d'Angela s'afficher pour le second tour.

[Charles Lubenac]

Charles Lubenac était sur le parvis de l'Hôtel de Ville, prêt à accueillir son successeur qui descendait de la limousine qui l'accompagnait à la cérémonie de passation de pouvoirs.



Il n'avait pas imaginé une seconde que c'est Rooky qui l'emporterait. Un rappeur mysogine maire de la troisième ville de Frôce, quel drame... Et la province qui était d'ores et déjà accusée d'être un bastion de l'extrême-droite. Jamais Charles n'avait imaginé que les évènements prendraient cette tournure. Lui qui avait une énorme influence au Grand Piémont, voilà qu'il faudrait composer avec son ennemi.
Et le plus étrange dans tout ça c'est que du monde était présent pour accueillir le nouveau maire. L'histoire le retiendrait comme étant le maire qui avait ouvert la voie à Rooky...

[Rooky]

C'est en Hummer qu'Housni arriva sur le parvis de l'hôtel de Ville. En descendant du 4x4 limousine, il salua les nombreux électeurs qui l'avaient portés au pouvoir, signa quelques autographes et posa pour quelques photos. Il fut agréablement surpris de constater que de plus en plus de femmes semblaient soutenir sa cause.

Puis il s'avancea vers Charles Lubenac. En apercevant son air désespéré, il ne peut s'empêcher de sourire. Puis il lui tendit la main.