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Francis Marois
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Enfin, diront certains, on sait pour qui il a voté

La météo était clémente, aujourd'hui, n'est-ce pas? Le professeur Simon, embêté par un virus, n'a pas été en mesure d'offrir son cours 302 en Politique publique. Alors que nous parlions de la politique d'intervention, plus sociale qu'économique, un élève que je respecte beaucoup m'a demandé bien franchement : «Pourquoi refusez-vous d'être politiquement vous-même?». Autant j'ai l'habitude de détourner les questions sur mes appartenances politiques, autant j'étais bouche bée devant cette question capable de tuer un ours polaire à mains nues. Lorsque j'enseignais à temps plein, avant de devenir l'un de ces bureaucrates qui ne font que coordonner et établir les plans d'action, je travaillais fort pour que mes étudiants aillent jusqu'au bout de leurs pensées, jusqu'au bout de leurs convictions. Il y a cinq ans, cet étudiant aurait créé en moi un bien-être indescriptible et une fierté capable de déplacer les Alpes. Aujourd'hui, s'il a créé en moi une certaine fierté, celle d'une jeunesse qui va jusqu'au bout sans peur ni crainte, il a également créé un malaise certain. Non pas sur le fond de la question : cela fait plus de vingt ans qu'on cherche à savoir pour quelle formation politique Francis Marois milite et donne sa voix. Non, j'ai été malaisé par la formulation de la question. Pourquoi je refuse d'être moi-même dans ce monde où la politique est omniprésente? Incapable de répondre sur le moment, j'ai promis à cet élève de réfléchir sur la question et de lui donner une réponse par le biais de mon blogue. Et je suis un homme de parole.

Je crois être une personne extrêmement prétentieuse, car j'ai la prétention de changer, à ma façon, la vie de tous les jeunes hommes et jeunes femmes qui passent par mes salles de classe, et depuis 2012, dans mon département. Beaucoup entrent dans le département des Sciences politiques avec des propos révolutionnaires, souhaitant tout briser sur leur passage en n'oubliant pas de foutre le feu à la Constitution de notre pays. Ils en sortent tous avec les outils pour changer les choses et militer activement dans le cadre de nos lois et de l'acceptable. Bien sûr, il y a des révolutions et il y en aura toujours, je ne suis pas de ceux qui empêcheront les révolutionnaires de s'activer au sein de notre société, mais je crois fermement que les révolutions les plus efficaces sont celles qui, outils en main, rappellent la beauté de la démocratie. Aujourd'hui, beaucoup de personnalités politiques actives sont passées dans mes salles de classe, et que je sois en accord ou non avec eux sur leurs idéologies, ils n'en demeurent pas moins des êtres extraordinaires et avides de changer le monde. Et c'est cette étincelle dans leurs yeux qu'il ne faut surtout pas éteindre. Qu'ils soient de droite, de gauche, d'en haut ou d'en bas. En Science politique, ceux qui y entrent n'y entrent pas pour connaître les idéologies de leurs professeurs. Ils n'y entrent pas pour recevoir des outils leur permettant de défendre les idéologies de leurs professeurs. Ils y entrent pour acquérir des outils pratiques leur permettant d'avoir le courage de leurs propres idéologies. En ce sens, notre mission est simple : nos étudiants doivent avoir le courage d'être politiquement eux-mêmes. J'en reviens à la question de cet étudiant, ce matin : alors pourquoi je refuse, moi, d'être ce que je suis? Faites ce que je dis, pas ce que je fais? Ce n'est pas mon genre, et ceux qui me connaissent sauront approuver ces dires. Alors, pourquoi? Est-ce que je crois que notre jeunesse est incapable de réfléchir par elle-même? Est-ce que je la crois incapable d'indépendance, de bon jugement? Bien sûr que non. Alors, dans cette optique, je crois que je dois me rendre à l'évidence.

Je refuse d'élaborer sur mes idéologies politiques, car elles sont beaucoup trop contradictoires et en faire l'explication serait pour le moins compliqué et très long. Et sauf le respect que je dois à mes lecteurs, je n'ai pas encore mangé, je dois me doucher, corriger quelques copies pour un collègue absent pour la semaine et dormir. Ne m'en tenez pas rigueur. J'adhère à de nombreuses philosophies. Je crois, par exemple, qu'au niveau de la justice, la répression fonctionne davantage que la prévention. Sans m'avancer dans quelque débat qui soit, un câlin n'a jamais persuadé un criminel de ne pas commettre de crimes à nouveau. Une peine d'emprisonnement forme et sévère, oui. Au niveau de l'éducation, j'adhère en grande partie au programme du Rassemblement démocrate. Je ne peux élaborer sur ces sujets pour une raison qui me paraît juste : je suis en constance évolution dans ce qui a trait à mes opinions politiques, car la Frôce, comme tout autre pays normalement constitué, est en perpétuelle évolution. Et seuls les faibles n'évoluent pas. Il m'apparaît inutile de mentionner le nom de la formation pour laquelle j'ai donné ma voix, ce dimanche dernier. Peu importe qui obtient la majorité de sièges à l'Assemblée nationale, l'important, c'est de mettre de l'avant l'éducation, l'enseignement supérieur et d'améliorer l'accessibilité aux études supérieures. J'ai d'ailleurs envoyé une courte missive à notre nouvelle Première ministre, qui disposera également du porte-feuille de l'éducation, pour lui apporter mon soutien indéfectible dans ses prochaines actions qui consolideront l'enseignement en Frôce.

Pour répondre à cet élève, en qui j’éprouve énormément de respect, je lui répondrai que si les étudiants en Science politique peuvent faire la différence entre Francis Marois l'homme et Francis Marois le professeur et directeur d'un important département d'Aspen II, et je sais qu'ils en sont capables, alors oui, je serai volontiers celui que je suis. Sans peur ni gêne. Sans jugement d'une part et l'autre.

Étant donné que je suis de bonne foi, malgré ma réticence à l'énoncer publiquement, ma voix s'est dirigée vers le Rassemblement démocrate.


Bien à vous,
Francis Marois
Directeur du département des Sciences politiques (Faculté de Science politique, Université d'Aspen II)
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