Comme annoncé sur le site internet du Ministère de l’Éducation Nationale, de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur, Madame Aïda Mbaye est en visite aujourd'hui à Casarastra, plus grande ville de Septimanie, dans le cadre d'un travail préparatoire sur le thème de "la violence en milieu scolaire et du bien-être à l'école". La journée a commencé à 9H00, dans cette école primaire située dans un quartier défavorisé du Nord de Casarastra. Après avoir pu rencontrer les jeunes enfants, Madame la Ministre s'est longuement entretenue avec le corps enseignant, et a déjeuné au réfectoire de l'établissement en leur compagnie. La discussion a été très enrichissante, et les professeurs se sont montrés globalement participatifs. Celle-ci a déjà permis de faire ressortir quelques éléments attenant au thème de la journée. Madame Mbaye a livré ses impressions sur la matinée lors d'une interview de rue, au moment où elle est sortie de l'école :
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" Ce que je peux d'ores et déjà vous dire, c'est que j'ai rencontré des enseignants déterminés, pleins de bonne volonté et de passion dans leur activité quotidienne, mais se sentant à la fois démunis face à la situation inquiétante qui touche cette école. En effet, ici se ressentent les effets de la délinquance de quartier. Les plus petits sont influencés par leurs aînés et reproduisent leurs moindres faits et gestes, conduisant à une escalade constante de la violence au sein de l'école, et notamment envers les enseignants. Ces derniers constatent, d'ailleurs, de régulières bagarres entre élèves lors des récréations, et parfois même en plein milieu des cours. La violence verbale est enfin largement pratiquée, puisque insultes et quolibets sont apparemment passés dans le langage courant de la majorité des enfants de l'école, même au cours préparatoire. Ce phénomène est particulièrement inquiétant, car un enfant de cours préparatoire qui vient tout juste d'apprendre à écrire et à lire apprenant en aval à s'exprimer avec les mots de la rue aura toujours beaucoup de difficultés par la suite à revenir dans le giron du langage courant et acceptable. J'ai bien pris la peine de relever les remarques des professeurs, et tous s'accordaient à dire que ce phénomène de violence verbale est physique serait dû d'une part au contexte sociologique et au climat dans lesquels vit l'enfant, et d'autre part à l'influence des médias tels que la télévision qui banalisent la violence à coups de dessins animés et d'animation censés être destinés aux enfants. Ce que j'ai tenu à dire à ces professeurs, et que je tiens aussi à dire à tous les enseignants de Frôce, c'est que le Ministère est bien conscient du climat pesant dans lequel les enfants et eux-même évoluent au quotidien, et que nous ne les abandonnerons pas. Ce processus d'observation est important pour nous car il nous permettra de mettre en place des solutions viables sur le long terme, mais des solutions autres que la répression qui, à mon sens, ne génère pas d'effets positifs, bien au contraire. Voilà là un premier élément d'action qui me donne déjà une idée du travail précis que j'aurai à accomplir pour changer les choses. "
L'après-midi de Madame la Ministre a débuté à 14 Heures précises dans ce collège attenant à l'école primaire visitée le matin, constituant d'ailleurs l'un des plus gros complexes éducatifs de Casarastra. C'est dans l'amphithéâtre de ce collège qu'elle a dirigé un débat sur le thème de la violence devant près de 300 collégiens de tous niveaux, tous désireux d'apporter leur participation à la discussion.
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" Bonjour à tous, vous devez sûrement vous demander pourquoi une Ministre vient vous rendre visite aujourd'hui dans votre collège. La réponse est simple, nous avons besoin de vous pour avancer, dans notre but de dissiper la violence dans les établissements scolaires comme le vôtre. Ce que j'aimerais vous demander en premier, c'est votre avis sur les raisons de cette présence de la violence dans votre collège. N'ayez pas honte de répondre, toutes les réponses sont bonnes. Venant moi-même d'un quartier sensible comme le vôtre, je sais ce que c'est. Donc vous pouvez tout me dire. Sincèrement, ça m'aidera beaucoup dans ma démarche. "
Samir (13 ans) : " Moi je pense qu'il y a de la violence car on en a marre de notre vie, c'est vraiment la hass, on est obligés de foutre le bordel pour se faire remarquer. Puis le collège, ça saoule grave, les profs nous prennent de haut et sont chiants avec nous, et les cours franchement on s'en bat les c******* ! (rires de toute la salle) Non franchement, nous on veut être écoutés et pas méprisés et on veut des cours intéressants et avoir une vie acceptable qui nous oblige pas à faire des bails pour s'en sortir. "
Léa (14 ans) : " Moi je pense que cette violence est la faute des garçons, ils veulent faire les beaux comme les grands frères, ils prennent exemple sur eux et deviennent à leur tour des racailles. Ils sont toujours à se battre pour rien du tout, à se racketter entre eux. C'est pitoyable, ils font grave pitié. Moi je pense qu'il faudrait plus de surveillants dans la cour et des profs qui nous comprennent. "
Thibault (11 ans) : " Non mais ya aussi des meufs qui foutent le bordel hein. Moi je pense que c'est parce qu'on est trop de monde dans les classes, dans la mienne on est 32 et du coup ya que ceux qui sont au premier rang qui bossent. "
Rachel (13 ans) : " Ouais et puis franchement les journées sont trop dures, parfois on a 8 heures de cours dans une seule journée, du coup on en a marre et on bosse que lors des premiers cours. Et ya rien d'amusant dans ce collège, aucune activité marrante, rien du tout. Donc forcément ça nous gave de venir et on cherche la merde pour se divertir... "
Youssouf (14 ans) : " Moi je veux des cours intéressants et qui me serviront dans ma vie plus tard. J'ai envie d'être serveur quand je serai adulte et sérieux je vois pas à quoi ça sert que je fasse des cours de maths ou de géo. Ça me servira à rien franchement. "
Cette journée chargée, qui se terminera par un entretien entre Madame la Ministre et Madame la Maire de Casarastra, Alessandra Valbonesi, se poursuit dans ce lycée technique et professionnel du centre de la ville. Aïda Mbaye a eu l'occasion de participer au cours pratique d'une classe de la filière cuisine. Une occasion rêvée pour observer l'attitude des élèves entre eux. Elle a tenu à faire part de ses impressions à la fin du cours.
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" Je pense qu'il était important que je me rende dans une classe de niveau lycée. Car la violence n'est pas présente que chez les plus jeunes, mais bien à chaque niveau d'éducation. Il ne faut négliger aucun aspect de cette réalité pour traiter le problème correctement. Ce qui m'a frappé pendant ce cours, c'est que la classe était séparée en deux : d'un côté ceux qui semblent être passionnés par ce qu'ils étudient, et d'un autre côté les autres. Et ce sont ces derniers qui perturbaient les autres. J'ai pu observer un peu de tout, mais ce qui en est ressorti surtout, c'est cette mauvaise relation qu'on les élèves entre eux. Ils sont en effet dans la moquerie perpétuelle et dans le rejet de l'autre, à défaut d'être dans l'entraide et dans la compréhension. C'est vraiment problématique car si nous voulons que ces derniers réussissent plus tard dans leur vie professionnelle, il va falloir que l'attitude générale change. Et après on se demande pourquoi tant de jeunes sont en déroute et trainent sur le marché de l'emploi. Mais pour recentrer, le motif de ma visite d'aujourd'hui était de me rendre compte par moi même comment cette violence se traduisait lors des cours à ce niveau d'enseignement. Elle se traduit donc par la moquerie et le rejet de l'autre. Il y a donc un travail de fond à mettre en place, mais dès le plus jeune âge, pour apprendre aux jeunes à travailler ensemble, dans le respect et l'entraide, et à ne pas pratiquer le rejet de l'autre sous critères sociaux, physiques ou personnels. Encore une fois, le travail est davantage psychologique et sociologique, même si l'organisation du système scolaire est en partie responsable aussi. Je vais m'atteler à trouver les solutions les meilleures pour changer le quotidien des professeurs et des élèves. Concernant ces derniers, la violence les bride vraiment dans l'expression de leur potentiel scolaire et pratique. "
Madame la Ministre est maintenant à l'Hôtel de Ville de Casarastra, attendant que la Maire Alessandra Valbonesi la reçoive en personne.