[Tribune] Smilders trahit l'âme diplomatique de la Frôce

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Xavier Krypzt-Herblain
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[Tribune] Smilders trahit l'âme diplomatique de la Frôce

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Point de vue
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Un avion de chasse KD230-Turbo de l'armée de l'air frôçeuse (photo AIF)
Mme Smilders trahit l'âme diplomatique de la Frôce
Par Alexandre Vailland de Chirey, ancien président de la République
Depuis 2001, les Etats-Unis, souvent avec l'aide de leurs alliés, ont mené des guerres sur divers théâtres d'opérations, notamment en Afghanistan, en Irak, en Libye. Bilan : l’Etat libyen a disparu, l’Etat irakien sombre dans le confessionnalisme et la guerre civile, le pouvoir afghan vacille, les talibans n’ont jamais été aussi puissants au Pakistan. Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat américaine en 2005, justifiait les interventions militaires par l'idée de création d'un "chaos constructif" qui devait nécessairement conduire à la création de démocraties à l'occidentale à l'issue de la victoire contre le terrorisme.

Celle-ci n'a jamais eu lieu. Des dizaines de milliers de civils ont été victimes de bombardements "ciblés", de drones, de tirs d'hélicoptères, y compris lors d'enterrements, de mariages, de naissances, de cérémonies religieuses. Contrairement aux victimes occidentales tuées par des terroristes en France, ces victimes civiles du moyen-orient n'ont pas de nom, pas de visage, on ne voit jamais leurs photos en une de journal. Et pourtant, elles existent. Elles ont des parents, des enfants, une famille. Comment ne pas créer de haine dans ces conditions ? Cette haine ne date pas seulement des interventions américaines guidées par George Bush. Elles sont également très récentes. Récemment, une attaque de la coalition internationale aurait tué 85 civils dans un village syrien. Est-ce la réponse à apporter au terrorisme ? C'est en tout cas celle qu'a choisie Emma Smilders, Présidente de la république frôçeuse. Cette "guerre contre le terrorisme" menée contre "l'ennemi commun de la planète", selon les mots de la présidente, accorde à l'OEI une notoriété et une visibilité artificielles, ce qui accroît l’attraction qu’ils exercent sur ceux qui souhaitent résister à l’ordre imposé par des armées occidentales.

N'oublions pas que l'Etat Islamique est né sur les cendres de l'Etat irakien, abattu au nom de la lutte contre le terrorisme. Cette nouvelle intervention conduira-t-elle à de meilleurs lendemains que celle qui a suivi le 11 septembre 2001 ?

Mais alors, que faire ? On a tendance à imaginer que seules deux solutions pour la paix sont possibles : la lutte dans la coalition internationale, et l'inaction. C'est sans doute cette vision bipolaire qu'avait la présidente. Or, en s'engageant aveuglément dans les bombardements internationaux, la présidente renie ce sur quoi toute la politique étrangère frôçeuse était fondée : travail international avec les nations unies, protection des populations civiles et opérations de maintien de la paix, politique de neutralité vis à vis de l'Otan et de l'interventionnisme occidental.

Désormais, la Frôce a un pied dans ce qu'elle n'a jamais fait auparavant : une intervention militaire au moyen-orient pilotée par les armées occidentales. Comment résoudre le conflit contre Daesh ? "Donner la priorité à la politique et à la diplomatie pour tenter de résoudre les problèmes de la région qui alimentent une machine infernale", comme le note le journaliste français Alain Gresh. En Frôce ? Repenser le système social qui laisse certains enfants de la République choisir le chemin de la violence et de la mort.

C'est long, oui. Mais la "guerre contre le terrorisme" menée par l'occident dure depuis plus de dix ans. Elle n'a abouti à rien, ou sinon à plus de morts.

Créer le CIPNA, censé "promouvoir la paix", pour finalement bombarder la syrie, cela ne rime à rien. Avoir abandonné le projet de construction méditerranéenne, qui aurait apporté le nouveau souffle économique et social dont cette région du monde a besoin au profit d'une coquille vide, c'est criminel.
XKH
Directeur de la rédaction de Médiasera. Ancien rédac'chef du journal "Le Temps". Pour me contacter, cherchez dans le Who's Who.
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