Le Face à Face - #1

[Antonio Alves]

Justement, parlons donc un peu de ces manifestations récentes dans un contexte de communautarisme violent et nauséabond. Le CRA a co-organisé la manifestation de Dimanche dernier aux côtés de l'URJF, qualifiée d'organisation extrémiste et violente par diverses personnalités du gouvernement, et ce à plusieurs reprises. Si le PEPS n'y a pas participé, le Président de la République en personne n'a pas hésité à se rendre en cortège aux côtés de ceux que ce dernier considère comme extrémistes. N'est-ce pas là, encore une fois, le signe qu'il y a des désaccords manifestes au sein du gouvernement concernant les questions de société ? La gauche a allègrement pris parti en faveur de la cause palestinienne, tandis que vous, monsieur de St Imberb, êtes considéré comme très proche de l'URJF et de la communauté juive d'une manière générale, à tel point que la gauche vous considère comme sioniste. Encore une fois, nous avons l'impression que la classe politique instrumentalise des communautés dans un but électoraliste. Est-ce vraiment comme cela que nous allons répondre efficacement à ce problème évident du communautarisme sur notre territoire ? Ne faudrait-il pas, plutôt, faire preuve de pragmatisme et ne pas prendre position pour un camp ou pour l'autre ?

[Marc de St Imberb]

Qui a dit que nous prenions parti ? Nous sommes pour une paix durable, une solution à deux pays dans cette région.

[edit : problème d'édits ^^]

[Urumi Nakamura]

Le Président de la République a voulu être bien intentionné en participant à une marche pour la paix, il en a le droit. Personnellement, je me serais dispensée d'y participer vu le pedigree de certains organisateurs, mais si nous devions briser un accord de gouvernement pour une participation à un défilé, la Frôce serait perpétuellement ingouvernable. La participation à un tel évènement est une démarche individuelle étant donné que ni l'ADF ni le PEPS n'ont soutenu cette marche et chacun a ses vues sur le sujet.

Concernant le conflit israélo-palestinien, le PEPS est dans une démarche de soutien à l'autodétermination des peuples qui fait partie de nos valeurs fondatrices, il n'y a nul besoin de vouloir séduire une partie de l'électorat pour soutenir ce principe. Par ailleurs, le PEPS n'est pas antisioniste, personne parmi nous ne souhaite la disparition de l'Etat d'Israël, nous avons en revanche de très sérieux doutes sur le bien fondé de la politique belliciste du Premier ministre Netanyahou.

Ne prendre position pour aucun camp, c'est prendre position pour le statu quo qui est le blocus inacceptable touchant une grande partie de la population palestinienne, les ripostes disproportionnées de l'armée israélienne qui massacre des centaines de civils et l'expropriation de terres palestiniennes par les colons israéliens. La faute politique majeure serait de ne pas réagir, personne au PEPS ne souhaite se retrouver dans la posture de Ponce Pilate.

[Marc de St Imberb]

Mais prendre partie très franchement en faveur de la Palestine c'est soutenir les terroristes du Hamas et leurs petits copains de l'Etat Islamique. Alors à un moment, les idéaux humanistes il faut savoir qu'ils ne sont pas que d'un côté ou que de l'autre.

J'aimerais revenir sur votre parole, M. Alves. Considéré comme très proche de l'URJF... Mais je m'en cogne. Moi au moins j'ai le mérite d'aller vers les communautés, d'aller vers les religions, d'aller vers l'autre et de croire que la réconciliation entre communautés elle se fait dans l'acceptation par tous de la frôce comme elle est, avec son héritage, tandis que d'autres croient encore en l'assimilation et en l'auto-flagellation en supprimant le nom des jours fériés. Comment voulez vous que les juifs et musulmans croient que les religions et minorités sont respectées dans un pays où on renomme les jours fériés pour un principe de laïcité que plus personne ne comprends, à un point que le Président a voulu le faire passer par décret ?

[Urumi Nakamura]

Soutenir le peuple palestinien dans sa douleur et sa revendication à l'autodétermination, ce n'est pas soutenir le Hamas tout comme soutenir le peuple israélien dans le droit de disposer d'une terre ce n'est pas soutenir Netanyahou. A l'heure actuelle, le peuple israélien dispose d'une terre, mais le peuple palestinien subit les ripostes disproportionnées du gouvernement israélien et la privation de son droit à l'autodétermination, c'est pourquoi il est urgent de le soutenir face à ces épreuves.

Le calendrier officiel comporte des dates dédiées aux religions juives et musulmanes, je le sais bien puisque c'est moi qui les ai faites inscrire suite à une suggestion fort avisée de monsieur Louis-Damien Lacroix de Beaufoy. Ce gouvernement a accepté de recevoir les représentants de ces deux communautés pour écouter leurs préoccupations quant aux évènements récents. Je connais des régimes qui traitent bien plus mal les juifs et les musulmans.

[Antonio Alves]

Madame Nakamura, n'était-ce justement pas un peu suicidaire de la part du gouvernement de faire passer en force, autrement dit sans consulter le peuple au préalable, une réforme des jours fériés, supprimant ainsi plusieurs fêtes religieuses, quand l'on connait déjà le contexte tendu au niveau des communautés ? À quoi le gouvernement a-t-il jouant en procédant de la sorte ? Pourquoi sans consultation du peuple... Une peur d'esquisser un refus ? D'autant plus que cela fut fait de manière tellement maladroite que le décret fut annulé très rapidement par la Cour Suprême...

Une question également pour Monsieur de St Imberb. Vous dites aller vers l'ensemble des communautés, or vos adversaires politiques et une partie des Frôceux en général semblent considérer que votre parti pris joue ouvertement en faveur des Juifs. Afin de répondre aux interrogations, pouvez-vous nous en dire plus quant à vos relations avec l'URJF, avec qui le CRA, je le rappelle, a fait affiche commune et co-organisé une manifestation ?

[Urumi Nakamura]

La façon dont a été préparé ce décret fait un peu tâche en effet, le décret prétend modifier une loi, chose qui est totalement impossible d'un point de vue institutionnel et c'est logiquement que la Cour Suprême l'a censuré. J'ai prévenu le ministre chargé de cette modification, mais j'ai fait l'erreur de ne pas prévenir également le Président de la République qui a pris comme tel le texte déposé en début de conseil. Je ne suis pas gênée que d'un point de vue institutionnel, j'ai toujours été favorable à la consultation la plus complète possible de la population sur les jours fériés, en témoigne le grand débat que j'avais ouvert avant de proposer la loi actuellement en vigueur, ce point est un échec du Gouvernement que nous devons totalement assumer.

Concernant le contenu du projet de mon camarade Daniel Gallon, je suis également assez sceptique, il remet en cause l'équilibre trouvé par la loi actuelle qui place la laïcité comme une marque de neutralité plutôt que comme une marque d'ignorance. J'ai fait l'erreur d'éviter sur le coup une confrontation directe par discipline partisane pour ne pas écorner l'unité du PEPS qui est totale sur 90 % des dossiers, mais je pense que vu la gravité de la situation Daniel et Alexander me pardonneront aisément cette digression.

La seule accusation que je rejette complètement, c'est l'idée que ce décret puisse mettre de l'huile sur le feu, les fêtes accordées à l'occasion de la Toussaint, de Yom Kippour et l'Aïd el-Fitr n'ont jamais été concernées par le décret qui cherchait avant tout à se réapproprier Noël en le laïcisant pour le voir comme la fête familiale que nous connaissons bien plutôt que comme une fête religieuse. Cette laïcisation, qui a un temps eu mes faveurs, est une maladresse dans la mesure où elle dévie l'esprit du compromis trouvé dans la loi sur les jours fériés, mais ne joue aucun rôle dans les relations entre juifs et musulmans qui n'ont jamais été concernés par le décret censuré.

[Antonio Alves]

Vous vous désolidarisez donc totalement de la volonté de votre camarade de formation Daniel Gallon. Concernant le Président de la République, ce dernier n'était-il pas censé savoir qu'un tel décret ne pouvait être recevable en l'état ? N'avons-nous donc pas là une preuve d'amateurisme de sa part ?

En tout cas, vos propos sont très clairs et montrent que le gouvernement de rassemblement possède des divergences internes assez prononcées. Quant au décret, s'il ne concerne ni les Juifs, ni les Musulmans, vous ne pouvez tout de même pas nier qu'il envenime et provoque la colère des communautés concernées... Assez imprudent de la part du gouvernement de provoquer les foudres de nouvelles communautés alors qu'à l'heure actuelle, nous connaissons une exportation du conflit israélo-palestinien sur notre territoire. Le gouvernement va-t-il donc assumer ses erreurs et en tirer des leçons, afin de ne plus reproduire ce genre de bêtises ?

[Urumi Nakamura]

Concernant Daniel, c'est sensible, c'est un ami, nous avons une grande proximité idéologique et j'ai longtemps partagé son vœu de transformer Noël en célébration laïque puisque c'est actuellement une célébration familiale plus qu'une fête religieuse. Mais je pense qu'au fond cette transformation était trop délicate à effectuer avec le compromis en place sur les jours fériés religieux. La seule chose sur laquelle je me désolidarise complètement, c'est le refus de porter un tel texte devant l'Assemblée Citoyenne, mais je suis certaine que Daniel s'est déjà rendu compte que c'était une erreur.

Pour le Président, je parlerais plus de précipitation que d'amateurisme, beaucoup de textes arrivent sur le bureau du Président, il n'est même pas rare qu'on utilise des machines à signer en cas de déplacement, chose qui est souvent le cas pour le Président en place qui accorde une place particulièrement forte à la diplomatie, une inattention peut très vite arriver à ce poste, les ministre sont censés avoir préparé leurs textes au mieux. La bourde sur ce décret n'est ni seulement de la responsabilité de Daniel ni seulement de celle de monsieur le Président, mais la succession de petits errements qui peuvent arriver à n'importe qui mais dont la combinaison a engendré une polémique d'une ampleur inattendue.

Concernant les tensions communautaires, le Gouvernement a fait un effort sans précédent en conviant les représentants de l'URJF et de la communauté musulmane, alors qu'il était jusque là de tradition de ne jamais inviter les leaders communautaires, c'est un effort d’ampleur puisque l'URJF n'a pas manqué de comparer notre politique à celle du IIIe Reich, vous conviendrez qu'il existe des comparaisons plus flatteuses. Nous avons bien écouté leurs souhaits, et je ne doute pas que le Président de la République mettra tout en œuvre pour accéder dans la limite du possible aux doléances des minorités religieuses.

Je comprends les inquiétudes de certains sur l'importation du conflit israélo-palestinien, le sujet est particulièrement brûlant, mais il est de la responsabilité de la Frôce, en tant que puissance de neutralité bienveillante, de se battre pour ses valeurs, et la condamnation systématique d'opérations militaires disproportionnées en fait partie. Les sanctions économiques contre Israël visaient le gouvernement en place et non l'ensemble des israéliens et encore moins les juifs de Frôce. Les accusations de l'URJF tiennent d'une mauvaise foi absolue, probablement liée à leurs liens profonds avec des partis d'opposition.

Ce conflit, c'était un choix entre renier ses valeurs pour essayer de plaire à tout le monde ou les affirmer pour incarner le changement. Le Président de la République a fait le choix de ne pas s'abriter derrière la lâcheté et je m'en réjouis.

[Marc de St Imberb]

Sans précédent ? Il aurait pu arriver, le précédent. Quand j'étais à l'intérieur et que les tensions entre communautés se faisaient sentir déjà fortement, j'ai proposé à Bertrand d'accueillir les représentants de cultes. Il a refusé. Sans doute pour ne pas montrer que j'étais l'homme de la conciliation. Le tout, alors même que la majorité du gouvernement était derrière moi pour cette idée. On en voit le résultat : un Etat en manque de confiance à cause d'un opportuniste qui a tout fait pour me rabaisser.

Quand à l'attaque à peine voilée à l'encontre du CRA... Sachez que j'ai proposé à une forte personnalité de la gauche de reprendre le CRA, dernièrement, bien avant qu'il ne soit accusé de tout les mots par un pouvoir corrompu. Cette personne a refusé...

[Antonio Alves]

Madame Nakamura, puisque vous évoquez le sujet, n'est-ce pas un signe de lâcheté totale de la part du président de la République que de ne pas avoir tenu ses engagements de manifester auprès de l'URJF contre l'antisémitisme ? Le fait de se rendre à cette manifestation n'aurait justement-il pas contribué à l'apaisement des colères et des tensions ?

Monsieur de St Imberb, vous nous en dites à la fois trop et pas assez. Après avoir confié éphémèrement la direction de votre parti à une figure de l'extrême droite en la personne de Edmond de Kervern, vous avez donc proposé le poste à une personnalité éminente de la gauche. Vous vous douterez donc de ma question : qui est donc la personnalité en question ? Il est aussi de votre devoir d'offrir la transparence aux Frôceux qui nous écoutent ce soir et seraient éventuellement susceptibles de vous soutenir.

[Marc de St Imberb]

Le Président cherche la division et est incapable de communiquer de manière satisfaisante à ses citoyens. Son dernier communiqué avait encore pour but de monter les communautés entre elles... Qui a jamais entendu Bertrand dire un mot d'apaisement ? Qu'il ne s'étonne pas si le peuple lui tombe dessus un jour ou l'autre.

J'ai proposé à Anna Sorensen de prendre le parti. Elle m'a dit qu'elle préférait créer son propre parti, avec mon soutien... Ben voyons. Le temps des soutiens aux ingrats est fini.

[Antonio Alves]

Vos propos sont très intéressants, Monsieur de St Imberb, car ils traduisent l'une des failles de votre stratégie politique. Échec à transmettre le CRA à un homme d'extrême droite, échec aussi à le transmettre à une femme de gauche... Pourquoi tant d'erreurs de casting de votre part ? Et pourquoi vouloir à tout prix quitter la tête du parti que vous n'avez fondé que récemment, alors même que vous vous dites en mesure de continuer à combattre en politique ?

[Marc de St Imberb]

En mesure ? T'as pas dû regarder Facebook récemment, sinon t'aurais lu que j'ai arrêté mon traitement médical récemment. De toute façon, je vais vous annoncer quelque chose en exclusivité : je quitte définitivement ce soir la présidence du CRA.

Sur ce, vous me voyez navrés mais je dois quitter ce plateau. On m'attends ailleurs...

Marc se leva avec un peu de difficultés de son fauteuil, puis sortit tout simplement du plateau sans rien dire d'autre, sous la stupéfaction des téléspectateurs.

[Antonio Alves]

Bien... Compte tenu de ce départ précipité de Monsieur de St Imberb, Urumi Nakamura est désignée grand vainqueur de cette première émission ! Nous aurons donc le plaisir de la revoir à nouveau la semaine prochaine pour le second numéro !

Merci à tous de nous avoir suivis, et à la semaine prochaine pour une nouvelle édition du Face à Face !