[RESTAURANT] Bella Italia

[Pierre Ladan]

A l'occasion de son rendez-vous, Pierre tâcha d'être élégant. Il laissa de côté ses chemises à carreau, au profit d'un beau costume. Comme convenu, il attendit Mara, escorté par son chauffeur, devant le restaurant. Sa nièce, Adèle, attendait tranquillement à ses côtés. Elle ne mesurait pas encore l'importance des fonctions des personnes qui l'entouraient. Mara arriva pile poil à l'heure prévue. Pierre la salua en lui faisant la bise. Puis il fit les présentations. Ils entrèrent dans le restaurant et furent placés dans un coin calme, réservé par Ladan dans la matinée. Pierre et Mara était assis en face. Adèle, elle, se tenait à côté de son oncle.

- Ca a été les bouchons ? Avec le 15 août, en ce moment, les rues sont vites saturées...

[Mara Galante]

Disons que le fait d'être escortée par des motards de police aide à ne pas être encombrée des bouchons... dit-elle en souriant.

Mara regardait du coin de l'oeil la petite Adèle, elle avait l'air magnifique. Mara rêvait de devenir maman. Ca attendra, avec la charge qui est la sienne aujourd'hui. Pierre avait l'air stressé, Mara commanda un verre de vin blanc en attendant de choisir son plat.

[Pierre Ladan]

On apporta l'apéritif aux intéressés. Un verre de vin blanc pour Mara, du Neuilly Prat pour Pierre et un jus de pêche pour la petite Adèle. Celle-ci avait apporté ses crayons de couleur et du papier et elle s'était mis à dessiner, alors que les adultes parlaient.

- C'est l'avantage d'être escortée, c'est vrai. J'ai tendance à l'oublier.

Il sourit et après un nouveau silence, il poursuivit :

- Permettez-moi de vous dire que vous êtes rayonnante. Belley vous réussit déjà ! Tout se passe bien dans votre installation ?

[Mara Galante]

Elle regardait cet homme qu'elle avait peu vu lors du précédent exercice gouvernemental et son compliment lui arracha un sourire..

Tout est très bien, j'ai emmené à Belley mon Chef de Cabinet mais l'équipe est nouvelle. Les bureaux de Jean-Baptiste étaient véritablement vieillots, je me suis empressée de les changer. Et vous, au " MSAS " comme on dit ? Dites-moi Pierre, que s'est-il passé durant cette année écoulée ?

[Pierre Ladan]

Qualifier les bureaux de Tremblay de vieillots, c'était un pléonasme... Il sourit à cette remarque.

- Mon installation s'est bien passée. J'ai pris mes marques. Ca me change du Ministère de l'Education où je ne me suis pas senti à l'aise du tout d'ailleurs. Je pense que ce service civique obligatoire était une mauvaise idée. Contrairement à vous, je ne suis pas un homme politique expérimenté, je me suis cassé les dents et la confiance avec mes subordonnés est partie. Ce remaniement était inespéré pour moi. La Santé et les Affaires Sociales me mettent plus à l'aise. Autrement, il s'est également greffé plein de choses à côté... si ça ne vous dérange pas, je préfère ne pas en parler ici.

Il fit un signe de tête vers Adèle. Il n'avait pas envie d'expliquer devant elle qu'au 18 juillet, au matin, sa soeur et son mari s'étaient tués dans un accident de la route, laissant la malheureuse petite fille orpheline. Il préférait également passer sous silence sa dépression, pour laquelle il était toujours suivi. Mara se serait enfui en courant si elle savait qu'il était suivi par un psychiatre, en tout cas il le croyait. Et puis il ne tenait pas à ce que ça se sache, car la demande d'adoption faite pour sa nièce risquait d'être purement rejetée... Le secret devait être absolu.

- Ah voilà la carte ! Je vous conseille leurs lasagnes. Elles sont absolument succulentes !

[Mara Galante]

Il avait l'air touchant, au fond. Peu expérimenté, elle en riait intérieurement.

Je prendrais donc ces fameuses lasagnes, merci.Dit-elle à cette gentille serveuse qui avait glissé sur la table un papier demandant un autographe. Mara signa rapidement le papier en indiquant une phrase " Nous ferons ce qui est dur. Nous accomplirons ce qui est grand. Et nous atteindrons les étoiles. Mara Galante" puis elle tendit le papier à Pierre:

Moi non plus je n'avais pas beaucoup d'expérience, Pierre. Ca commence par les citoyens, l'expérience. Je suis désolé des désagréments politiques que tu as eu à subir. Un cabinet, ce n'est jamais facile. Je n'ai pas d'opinion arrêtée sur le service civique, et j'ai une parole. Nous le ferons passer, un jour où l'autre.

[Pierre Ladan]

Pierre était quand même impressionné par le fait qu'elle l'ait écouté et qu'elle ait pris les lasagnes. Il prit la même chose. Adèle demanda poliment si elle pouvait avoir des spaghettis bolognaise, ce que Pierre approuva, en lui caressant affectueusement les cheveux. La serveuse partit préparer leur commande.

- Je dois vous avouer que j'ai été surpris que vous acceptiez de me garder au sein de votre Gouvernement. Je vais tâcher de ne pas vous décevoir.

Ils étaient quand même là pour se détendre et mettre le travail entre parenthèses, aussi, demanda-t-il :

- Tout comme je ne pensais pas que vous seriez seule à déjeuner, ni que vous m'invitiez. Comment quelqu'un comme vous peut-il avoir été condamné à la solitude en ce beau dimanche ?

[Mara Galante]

Il n'en fallu pas longtemps pour que Pierre aborde les thèmes de la sexy-attitude de la nouvelle Première ministre.

Oh, vous savez, Pierre, Joseph n'est pas catholique pratiquant, et le dimanche matin, l'église, les messes et la communion avec Dieu ne sont pas vraiment sa tasse de thé. Et puis cela me donne l'occasion de retourner au contact de la population d'Elrado. Vous êtes déjà allé à Elrado, Pierre?

[Pierre Ladan]

- Non, je n'y suis jamais allé. Mais il ne faut jamais dire jamais. Quand j'aurais du temps, je pense que j'irais y faire un séjour.

Il ne jugea pas opportun de parler de la messe, lui qui était protestant. Mais il continua :

- C'est important de garder le contact avec les gens. J'ai appris beaucoup là-dessus lors de mon passage à l'Education. Sans dialogue, on se plante et on finit dans le mur. Pour ma part, j'aime beaucoup me ressourcer à Deux-Châteaux. C'est de la que je viens. Le calme et le cadre de la ville ont un côté très appréciable. Si vous voulez vous ressourcer, Joseph et vous, je peux vous prêter les clés de mon appartement. Ce n'est pas un hôtel de luxe mais on s'y sent bien.

[Mara Galante]

Deux-Châteaux est effectivement une très belle cité. Ville d'art et d'histoire, comme on dit. Le centre historique d'Elrado est très beau, et j'essaye d'être objective, je vous assure Pierre! **sourire radieux et pouf tous les hommes qui passèrent sur la rue et jetaient leurs yeux sur Mara tombe par terre** C'est très gentil de votre part, j'en parlerai à Joseph. J'aimerai vous poser une question, nous parlions de moi, et j'ai pressenti que vous ne souhaitiez pas aborder les sujets de travail politique, et je respecte cela. Mais si Joseph est un fénéant et un non-pratiquant, qu'en est-il de vous, vous étiez seul ce midi, parlez-moi de vous, et s'il vous plait, n'omettez rien qui ne puisse ne pas être dit. dit-elle avec sa voix si douce et si tendre en regardant avec tendresse la petite Adèle et faire ainsi comprendre à Pierre que si des sujets délicats concernait la petite, elle comprenait tout à fait.

[Pierre Ladan]

- Moi ? Eh bien, il n'y a pas grand chose à dire, vous savez. J'ai une âme plutôt solitaire. Je suis attaché à mon indépendance et passer un dimanche matin sans personne avec moi, c'est devenu quelque chose de normal. Et puis Adèle est là maintenant, elle mérite beaucoup d'attention.

Devait-il lui dire qu'accessoirement, depuis qu'elle était là, ça lui évitait de broyer du noir ? Non... il garderait ça pour lui. De toute façon, elle n'aurait rien pu y faire. Il eut un sourire et ajouta :

- En fait, je ne suis pas asociable. Le recul me permet de me recentrer sur l'essentiel et c'est souvent nécessaire. Bon, ce matin, j'ai travaillé sur deux projets de loi, mais d'habitude à cette heure-ci, je fais une randonnée sur les hauteurs des Pyrénées. C'est agréable.

[Mara Galante]

Donc si je comprends bien, je pourrai sourire autant que je veux, je n'en saurai pas plus sur vous... elle souria encore plus.

Le serveur amena les plats et avant de commencer à manger, Mara continua à parler.

Les pyrénées? Vous êtes un sportif vous! Je préfère les villes et j'ai un faible pour Vauxin et son Palais des Papes... c'est majestueux.

[Pierre Ladan]

Pierre était un petit peu gêné. A vrai dire, il ne savait pas trop ce que Mara attendait de lui. Il attendit d'être servi, mis la serviette autour du cou d'Adèle puis demanda :

- Que souhaiteriez-vous savoir en particulier ?

[Mara Galante]

Mara vit un peu de gêne dans le regard de Pierre

Je n'attends pas de vous des prouesses que vous ne voudriez donner, Pierre. J'aime connaître les gens avec qui je travaille, qu'importe leurs problèmes, leurs joies, leurs situations, leurs comportements, leurs maladies, j'aime simplement connaître mes collaborateurs. dit-elle avec un sourire bienveillant avant d'ajouter.. c'est une tuerie vos lasagnes!

[Pierre Ladan]

Pierre n'était pas du genre à parler de lui. Son talent, c'était d'être un bon orateur et d'être patient. Il ne voyait pas quoi rajouter de plus à ce qu'il avait dit. Après tout, il connaissait Mara depuis peu et lui livrer sa vie ne lui paraissait pas adapté.

- Si vous voulez en savoir plus sur moi, je suis quelqu'un de réservé, sauf en politique bien sûr. Je vais donc avoir à vous parler de tout. Cela dit, comme vous pouvez le voir, je suis quelqu'un d'honnête. J'aime la simplicité, la nature, le sport. Je suis, je l'espère, quelqu'un d'assez patient. Il est rare que je me mette en colère. Ah, peut-être une chose qui va vous intéresser, je ne suis pas féministe, car je ne soutiens pas l'extrémisme, par contre, je défends le droit des femmes dès que j'en ai l'occasion.

Il marqua une pause pour manger un peu, en évitant de se brûler.

- En ce qui concerne ma situation, je suis célibataire et pour l'instant je suis sans enfant. J'imagine que je n'ai pas encore trouvé la bonne personne, celle qui serait capable de me laisser suffisamment de place pour respirer. Mais bon, ce n'est pas grave, l'essentiel, maintenant, c'est Adèle.

Il la regarda avec bienveillance et alors que Mara trouva les lasagnes excellentes, il se mit à rire :

- Vous voyez, je vous l'avais dit ! La première fois que je suis venu ici, c'était lorsque j'ai rejoint l'ADF. C'est le Président Lacroix qui m'avait conseillé cette adresse. Force est de constater qu'il n'avait pas tort. D'ailleurs à ce propos, je ne sais pas s'il va se présenter ou pas à sa succession. Il a tous les marqueurs au vert, la popularité, son bilan, les sondages. Mais nous le connaissons, il ne va se déclarer qu'au dernier moment. En supposant qu'il y aille, est-ce que vous pensez que sa candidature puisse rallier des voix au sein de votre formation ?