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Melinda Grant
Interview sur Radio-Frôce.
Tête de liste de "Fabriquons la solidarité "

1 / L'actualité récente a été dominée par les actes de certains groupuscules d'ultra-droite avec notamment l'attaque du siège de la LDH et l'irruption dans le métro de Casarastra. Quel serait à votre sens la meilleure solution pour y mettre fin ?
Nous vivons dans une République. Et dans cette République, qui s'est construite sur l'égalité, la justice, la démocratie, la tolérance, il n'y a pas de place pour la violence et pour la terreur. En conséquence, la première réponse qui doit être apportée, c'est celle de la condamnation sans détour et sans appel de ces groupuscules d'ultra-droite. Elle doit être unanime au sein de la classe politique afin de ne pas fragiliser nos principes républicains. Dans un deuxième temps, il faut donner les moyens à la Justice pour agir. Nous soutenons l'idée que des grouspucules anti-républicains, par essence, ne puissent pas s'organiser et exister librement. La Justice doit pouvoir les dissoudre, afin qu'il n'attente pas à l'ordre public. Nous avons tous un texte de référence, c'est la Constitution. Celui qui choisit sciemment de la violer n'a pas sa place dans l'espace public ou privé. Enfin, dans un troisième et dernier temps, il faut agir à la source du problème. Le plus sûr moyen de lutter contre l'obscurantisme de l'ultra-droite, c'est apporter la lumière à notre jeunesse, de l'éclairer sur la réalité du monde, sur nos valeurs. C'est le travail de l'éducation et nous devons continuer à le protéger de sorte qu'il touche tout le monde. Nous ne devons ni oublier ni minimiser les désastres provoqués par l'ultra-droite dans notre pays, dans l'Europe et dans le reste du monde. Il n'y a pas de respect lorsque l'on va s'en prendre à la Ligue des Droits de l'Homme, qui milite pour la protection de nos libertés. Il n'y a pas de différence notable entre les fascistes et les terroristes, tous deux tentent d'instiller la peur et le doute. Mais ils n'y parviendront pas, nous nous opposeront en rempart contre ceux qui veulent détruire ce que nous avons de plus précieux : la République. Nous le ferons avec conviction et sans faillir.
2 / La dernière loi de finances dégage un excédent budgétaire de 12 milliards de plz. Pensez-vous opportun de creuser dans cet excédent pour financer des programmes sociaux ou des baisses d'impôts ou êtes vous partisan d'une grande prudence sur le sujet ?
Cette situation n'est pas normale. L'Etat n'a pas pour vocation de dégager un excédent budgétaire ! Les contribuables paient pour des acquis sociaux, pour des services publics. Si nous leur prenons trop, il faut : soit le leur rendre, soit investir pour améliorer davantage leur quotidien. La réalité économique dans laquelle nous sommes plongés actuellement, c'est qu'il n'y a aucune politique sociale d'envergure à l'oeuvre dans notre pays. Il est impératif que cela change ! Les années de gouvernance centriste et libérale ont transformé l'état frôceux en banque ! Ce n'est plus acceptable ! Ces 12 milliards de pluzins montrent que nous n'exploitons pas notre potentiel social au maximum. Il nous faut aller plus loin, améliorer les conditions de vie des travailleurs pauvres, ceux que les patrons maintiennent avec un bas salaire pour faire des économies en faveur d'eux-même et de leurs actionnaires. Il nous faut aider les plus démunis, ceux qui sont dans la rue, sans domicile fixe à se réintégrer dans notre société. Il faut accompagner les seniors, les jeunes, ceux qui sont oubliés, laissés pour compte, en proie à la précarité, à l'injustice sociale, à la misère ! 12 milliards ! Vous vous rendez compte ? C'est indécent ! Et pendant ce temps, les citoyens continuent de payer sans voir leur quotidien s'améliorer ! Il est urgent que cela change. Si nous arrivons aux responsabilités, nous réinvestirons cet excédent au profit de ceux qui en ont besoin. Nous redistribuerons ces pluzins sous forme d'améliorations sociales et nous veillerons à ce qu'il y ait un véritable partage des richesses, une économie sociale et solidaire !
3 / La question de l'accueil des migrants a dominé la première partie du mandat du Gouvernement Pommier. Suite aux votes de l'Assemblée Nationale, il a été établi un quota de 30 000 migrants pour l'année 2016. Pensez-vous qu'il serait raisonnable de modifier ce quota que ce soit à la hausse ou à la baisse dans la mesure où les villes ainsi que nos partenaires diplomatiques ont déjà pris des dispositions en se tenant à ce chiffre ?
Il était temps que le Gouvernement prétendument centriste et humaniste se penche sur cette question. On a l'impression que la Frôce découvre la détresse des peuples oppressés maintenant ! Mais cette détresse, cette misère humaine, elle ne date pas d'hier. Cela fait deux ans que les réfugiés arrivent. Les drames humains se sont succédés, sans que les autorités frôceuses ne réagissent ou ne s'émeuvent. A-t-on vu la moindre larme lorsque des passeurs ont fait noyer des milliers de personnes traversant la Méditerrannée ? A-t-on entendu le moindre discours pour condamner ce trafic d'être humains ? Aujourd'hui, on voudrait nous faire croire qu'un quota pour 2016 résoud le problème ? C'est une blague ? Le Gouvernement Pommier s'est contenté d'un projet consensuel, sans aucune ambition, un projet qui n'est pas trop susceptible de froisser la droite et l'extrême droite. Et maintenant, quel est le constat ? Nous accueillons officiellement des réfugiés ! ENFIN ! Des mois après nos voisins européens ! Mais nous les accueillons sans que les centres d'accueil ne soient obligatoires. Ce sera au bon vouloir des villes, autrement dit, les maires les plus intolérants pourront se désolidariser de l'effort national ! Pire, un quota de 30000 têtes a été fixé. Comme pour le bétail, vous savez, quand on le parque dans un enclos quelconque, on prévoit un certain nombre. Et le 30001ème réfugié qui viendra sur notre sol, qu'est-ce qu'on en fait ? Reconduite immédiate à la frontière ? Trouve-toi un autre pays ? On appelle ça l'humanisme politicien ! C'est en substance le centrisme frôceux, de grand mots sur la papier, les pires actes sur le terrain. Nous, socialistes et apparentés, soutenons un relèvement drastique de ce quota voire même sa suppression. Parce qu'il n'y aurait pas plus inhumain que de dire "toi, non, tu nous fais dépasser notre quota, dégage". Ensuite, il est grand temps que les véritables causes de cette crise soient attaquées. Certains ont choisi de construire des murs, comme à Berlin. D'autres ont pris la décision de prendre les bijoux, comme à Auschwitz. D'autres encore ont pris la décision de les isoler dans des camps, comme au temps de la conquête de l'ouest avec les réserves indiennes. Et c'est ça le courage politique ? C'est ça l'humanisme européen ? Ces gens là doivent être accueillis, soignés, aidés, sans que nous n'ayons à nous poser la question de leurs origines. Et s'il le faut, nous devons leur ouvrir nos écoles, notre marché du travail, nos valeurs. Nous devons être solidaires, car la situation qu'ils connaissent aujourd'hui, peut-être que nous la connaitrons un jour. Et ce jour là, nous serons bien contents, nous, citoyens de Frôce d'avoir de l'humanité pour nous faire oublier l'horreur, la violence, la guerre, la terreur. Nous devons contribuer à la reconstruction de leur pays. Parce qu'au délà de cette terrible crise humanitaire et sociale, en dépit des accusations stupides et abjectes de partis ignares, ils ne viennent pas là pour profiter du système. Ils ne viennent pas là pour nous piquer nos gosses et nos femmes ! Ou pour planter des minarets et imposer la charia. Ils sont là, parce qu'ils n'ont pas eu d'autre choix que de fuir, pour rester en vie, pour sauver leur famille. Souvenons-nous de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, souvenons-nous de son article premier, qui dit que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Qu'ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. Souvenons-nous de son article 3, qui précise que chacun a le droit à la vie, à la liberté et à la sureté de sa personne. De ses articles 13 et 14, qui autorisent les individus à se déplacer librement d'un état à un autre, qui leur permettent de demander l'asile à d'autres pays. Souvenons-nous de Voltaire et de son Traité de la Tolérance, de cette phrase qui doit nous résumer, en tant que grande Nation et en tant que peuple frôceux : "Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères !".
4 / La réforme de l'audiovisuel a occupé un pan non négligeable des débats parlementaires durant la première moitié de la mandature, cette réforme a ouvert l'accès au marché gratuit à un nombre de chaines bien plus larges qui vont sans doute rivaliser d'imagination pour s'attirer les faveurs du public. L'imagination des producteurs ne va pas sans dérive, et certaines associations familiales craignent déjà l'essor d'une télé-poubelle portée par des concepts extrêmement sulfureux qui vont parfois jusqu'à mettre en danger la santé des candidats. Le Gouvernement doit-il avoir un pouvoir de régulation en la matière ou laisser une totale liberté aux diffuseurs ?
Ceci est un faux débat. Le développement de l'accès au marché gratuit n'a pas été l'élément déclencheur d'émissions souvent discutables. La véritable question est : devons-nous freiner l'imagination ? Nous ne le pensons pas. Nous sommes favorables au développement des idées, à de nouveaux concepts d'émission. Les téléspectateurs ne sont pas stupides, ils manifestent des intérêts différents pour plusieurs choses et c'est cette diversité qu'il faut rechercher. Si un programme n'est pas de bonne qualité ou qu'il dérange, alors il finira aux oubliettes, c'est le principe même de l'audience. Nous ne sommes pas dans n'importe quel pays. Nous sommes en Frôce, nous avons des dispositifs pour protéger le jeune public. Si un programme est trop violent, il sera diffusé à un horaire approprié mais certainement pas en début de soirée. Enfin, prédire que cette avancée va nous apporter en substance la décadence, c'est être extrêmement pessimiste. Il y aura des émissions sulfureuses, comme vous le dites, mais il y aura aussi de belles pépites, des émissions culturelles incontournables, des productions frôceuses soignées. Nous ne devons pas nous effrayer de voir notre culture s'enrichir et évoluer. Si nous avions écouté les annonciateurs de mauvaise augure, nous en serions encore à regarder une chaîne unique, placée sous l'autorité et les dérives de l'Etat. Aurions-nous seulement la TNF ? Les évolutions apportent le progrès, quoi qu'on en dise.
5 / Depuis la mise en place des provinces, un grand nombre d'entre elles ont mis en place une fiscalité basée sur les questions d'environnement. Pensez-vous que la taxation écologique doit demeurer le domaine réservé des ressources propres des provinces ou que celle-ci devrait être du ressort du gouvernement, et si vous souhaitez que celle-ci devienne du ressort du gouvernement, quels revenus de substitution devraient percevoir les provinces en question ?
Quelle institution est, selon vous, la mieux placée pour parler d'écologie, d'environnement, de pollution ? La Province. Pourquoi ? Parce qu'elle est la mieux placée pour parler et comprendre les enjeux locaux. Prenons l'exemple des Baléares, qui sont un archipel. Les questions environnementales tournent autour de l'écologie marine, de la biosphère côtière. Tout simplement parce que ces problématiques sont réelles. Mais si nous partons maintenant du côté du Grand Piémont, les questions vont surtout concerner les voies économiques terrestres, aériennes, maritimes, le transit ou encore la protection des espèces animales et végétales dans les Alpes. Les thèmes ne sont pas les mêmes et les problèmes non plus. Nous avons la chance, dans notre pays que la Province puisse agir sur l'environnement au moyen de la fiscalité. C'est à la fois une force et une avancée sociale. Notre force, c'est d'être capable d'identifier et d'agir sur les éléments négatifs pour les tourner à notre avantage. C'est aussi la cohérence que nous avons avec la population. Il est normal que dans chaque province de Frôce, nous ayons des solutions apportées aux problèmes des populations. Il s'agit aussi d'une avancée sociale, parce que la fiscalité environnementale n'est pas appliquée partout de la même façon. Une taxe carburant, sur le papier c'est beau. Mais si elle est mise en place nationalement, elle sera moins efficace. Pour reprendre l'exemple des Baléares, la circulation y est bien moindre qu'à Aspen, par exemple. C'est pour cette raison que nous sommes défavorable à un transfert de cette fiscalité au niveau national. Plus les problèmes sont centralisés, moins les solutions sont efficaces.