Frôce - Archives V3

Chers partenaires,
Chers citoyens du monde,
Chers amis,

Il y a eu un avant 16 novembre 2015. Il y aura un après. Car en cette journée internationale de la tolérance j'ai le grand privilège et le grand honneur d'accueillir pas moins de onze chefs d'états étrangers, ici à Aspen. Onze dirigeants, qui comme moi, considèrent qu'il n'y a rien de plus précieux que l'indépendance.

Une indépendance qui n'a pas la vie facile. Décriée par les uns, moquée par les autres, que ce soit à l'extérieur de nos pays ou à l'intérieur. Nombreuses sont les sirènes de l'interventionnisme, à vouloir tenter de nous ôter notre liberté de parole, notre pensée. Nombreux sont ceux qui oublient, souvent par opportunisme que la neutralité n'est pas la passivité.

Nombreux sont ceux qui abandonnent, sous la pression, leurs idées. Nombreux sont ceux qui nous accusent de manquer de courage. Mais le courage, ça n'est pas de montrer ses muscles, surtout ceux de ses "amis". Le courage c'est de dire ce que l'on pense, de rester dans la mesure, dans l'analyse, en tout temps et en tout lieu. Le courage, c'est de savoir dire non, de faire fi des menaces à peine voilées pour défendre ce en quoi nous croyons.

D'énormes défis nous attendent et les dernières événements doivent nous enjoindre à tirer les leçons qui s'imposent. Face à la barbarie, à l'ignominie du terrorisme, nous devons continuer à nous unir. Face à la colère, face à la peine, face aux larmes et au sang, nous avons le devoir de rester debout, immuables. Nous sommes tous, hommes et femmes, les piliers de la démocratie. La fraternité, la liberté, l'amour et la paix ne vacilleront jamais devant le vent fourbe du djihadisme. Aujourd'hui, en soutien aux victimes du terrorisme, à Beyrouth, à Paris, partout ailleurs dans le monde, nous regardons droit devant nous. Jamais nous ne plierons, jamais nous ne cèderons. Lorsqu'ils assassinent des innocents, ils nous rendent plus forts. Lorsqu'ils se comportent comme des lâches, nous restons dignes. Nous restons humains. Nous n'aurons de cesse de les combattre et de soutenir une alliance de grande échelle. Peu nous importe nos croyances, nos couleurs de peau, nos différends passés. L'humanité a un ennemi, il s'appelle DAESH et comme nous l'avons fait chacun de notre côté, nous continuerons par le CIPNA, à prôner un effort international au dessus des blocs géostratégiques. Nous continuerons également de condamner l'interventionnisme, qui a, en Irak comme en Syrie, fait plus de mal que de bien.

Et nous sommes venus montrer ici, que nous étions déterminés. Le monde d'aujourd'hui, par bien des aspects, nécessite de la diplomatie, du recul. Serions-nous inefficaces si nous ne foncions pas dans le tas ? La réponse est non. L'Histoire l'a prouvé. C'est en nous plaçant, envers et contre l'ordre mondial pré-établi, en faveur de la Palestine que nous nous avons permis une prise de conscience mondiale. C'est en bousculant les inégalités de traitement au sein de l'ONU que nous contribuons peu à peu au changement. C'est en prônant depuis le début, un front commun contre le terrorisme, sans distinction de bloc que nous avançons. C'est en liant les différents acteurs sur le terrain que nous renforçons notre efficacité.

Certains ont fait le choix de nous percevoir comme des adversaires, des révoltés. Nous leur tendons la main aujourd'hui et nous leur adressons ce message. La tolérance, le respect, ce sont des valeurs qui nous ont conduits aujourd'hui à la fondation de la CIPNA. Des principes qui guideront nos actions, nos relations. Il y aura des désaccords, des débats, des discussions. C'est la démocratie, c'est le but. C'est ce qui nous fera avancer, ce qui nous permettra aussi d'accomplir de grandes choses ! De bâtir un monde plus respectueux, plus tolérant.

Je ne doute pas de notre capacité à construire et à nous entendre. Nous avons été capables de faire un pas les uns vers les autres et ce n'est que le début. Nous appelons toutes les nations ne se considérant d'aucun alignement et souhaitant œuvrer à la coopération mondiale, se reconnaissant dans notre projet et nos valeurs, à nous rejoindre. Ensemble, solidaires, nous serons plus forts, nous deviendrons plus efficaces, nous servirons au mieux les peuples que nous représentons.

C'est un message de paix que je relaie aujourd'hui au nom de nous tous, un message d'espoir. Nous voulons annoncer au monde que nous serons toujours à l'écoute, toujours prompts à aider tant que notre souveraineté, tant que nos citoyens sont respectés.

Nous ouvrons une alternative qui défend la fraternité des êtres humains. Nous offrons à nos enfants et aux générations futures un avenir diplomatique, en nous unissant pour exister, en assurant une présence, un poids, en nous donnant une voix faite d'éléments constructifs et réfléchis, en nous réaffirmant comme une force de proposition rigoureuse.

Nous traçons une troisième voie, celle de l'entente, du dialogue et de la neutralité.

Mesdames, Messieurs, en ce 16 novembre 2015, nous ne sommes pas de Grands Hommes, mais les humbles serviteurs éphémères de Grands Peuples !

Vive la Tolérance, vive le Non-Alignement !
Vive le CIPNA !