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Re: Restaurant Le Palais - 3, rue de Cluchie

Posté : 20 janv. 2016, 00:31
par Félicien Carles-Petite
Félicien s'était levé en surtout à la réception d'un mail sur son iPhone. Alessandra Valbonesi était à la capitale et acceptait une entrevue, dans 10 minutes. Félicien envoya à la va-vite l'adresse d'un restaurant huppé à proximité de son domicile, mit un costume propre, se rasa, puis descendit dans la cour et enfourcha son T-Max. Le puissant scooter traversait déjà les grands boulevards à pleine vitesse.
Quelques minutes plus tard, Félicien s'installait à une table tranquille du restaurant. Valbonesi arriva peu après. Elle était encore plus belle et impressionnante que sur les photos. Félicien avait du mal à réaliser qu'il avait en face de lui l'une des femmes les plus influentes de Frôce, dont le mari était toujours pour le jeune entrepreneur un modèle d'homme d'action.


- Madame Valbonesi, c'est un honneur. Permettez-moi de vous proposer un apéritif. Que désirez-vous boire ?

Un serveur prit les commandes.

- J'ai vu avec plaisir que vous étiez de retour dans la vie politique. Si j'ai cherché à vous contacter, ce n'est pas par hasard. Je pense que nous sommes les rares personnes politiques modérées de Frôce à sortir du lot, en ce moment. Nous avons notre carte à jouer pour les prochaines échéances, et je pense qu'il faut jouer à plusieurs.
Personnellement, je suis à la tête d'un mouvement populaire, qui risque bien de rafler de nombreux sièges aux prochaines législatives. Je ne sais pas si vous connaissez bien ce mouvement, mais il s'agit d'une sorte de parti basé sur les nouvelles technologies et la participation du plus grand nombre à l'élaboration d'un projet pour réformer en profondeur la frôce, dans une visée plutôt sociale-libérale.
Ma première question est la suivante : que pensez-vous d'une alliance ? La seconde est : comment s'organiser ?

Re: Restaurant Le Palais - 3, rue de Cluchie

Posté : 20 janv. 2016, 00:59
par Alessandra Azeglio-Ciampi
Surprise, telle avait été la réaction d’Alessandra suite à l’invitation de Félicien Carles-Petite, illustre inconnu au bataillon. De passage pour quelques jours à Aspen pour préparer sa double candidature aux municipales d’Anglès et aux provinciales en Grand-Piémont, elle s’était laissée quelques soirées libres pour faire des rencontres et réactiver son carnet d’adresse. L’invitation était la bienvenue pour celle qui envisageait de faire de la politique autrement, comme en témoigne son projet municipal pour conquérir Anglès. Même si l’absence de Vincent se faisait sentir, Alessandra n’était pas moins ravis de constater qu’elle ne laissait pas totalement indifférent le jeune et séduisant Félicien, un entrepreneur dont elle avait eu quelques échos plutôt positifs. Elle était persuadée qu’ils pouvaient être complémentaires à plusieurs niveaux.

- Cher Félicien, c’est un plaisir que d’être à votre table. Ce restaurant semble nouveau, il n’était pas encore ouvert du temps de mes séjours à Aspen. Espérons qu’il s’agira pour nous d’une belle et agréable découverte.

En s’adressant au serveur.

- Un vodka-martini, mélangé au shaker, pas à la cuillère.

Elle écouta ensuite le propos de Félicien, attentivement, susurrant une olive verte visiblement... charnue.

- Effectivement, les nouvelles vont vites. J’ai pris la décision d’être candidate aux municipales d’Anglès et, surtout, de tenter de remporter la province du Grand-Piémont. C’est un challenge car malgré mes origines italiennes, je n’ai pas forcément un ancrage local suffisant pour espérer l’emporter. Néanmoins, je mènerai cette campagne avec la même intensité et la même détermination que celles que j’ai pu accomplir aux côtés de mon ex-mari.

Re: Restaurant Le Palais - 3, rue de Cluchie

Posté : 20 janv. 2016, 01:12
par Félicien Carles-Petite
Cette femme avait une façon de s'exprimer, tant vocalement que physiquement, qui ne laissait pas Félicien indifférent. Et cette manière de croquer dans l'oli... Bon sang, il fallait absolument penser à autre chose. Dans la tête de Félicien s'entrechoquaient des images de têtons, de sous-vêtements, d'ancien Premier ministre fracassant sa mâchoire à coups de pieds de biche. Se raccrocher à la discussion, vite.

- Oh vous savez, les relations locales, cela ne fait pas tout. Je pense que ce que les électeurs attendent, c'est de voir qu'ils sont face à une personne de convictions, qui pense à eux, et qui les comprend. Je vous l'annonce officieusement, je compte me présenter aux élections provinciales en Provence. Considérez ça comme un... secret. Je me présenterai en total indépendant, je ne suis pas assez procédurier pour demander l'investiture de mon mouvement.

Félicien entama à grandes gorgées son cocktail "Sex on the beach".

- Non, ce qui m'inquiète, c'est les échéances nationales. On a le temps de voir venir, bien sûr. Mais tout de même... J'aurai besoin d'appuis politiques. La voie est libre à droite, elle est prise à gauche et au centre. Je pense que la meilleure stratégie, c'est de réunir une équipe de personnes très motivées pour présenter une candidature nationale au-dessus des partis, du genre néo-gaulliste. J'aimerais vraiment que nous soyons ensemble dans ce défi. Vraiment.

Re: Restaurant Le Palais - 3, rue de Cluchie

Posté : 20 janv. 2016, 01:25
par Alessandra Azeglio-Ciampi
Malgré son expérience, Alessandra était surprise de la force des convictions de Félicien, mais aussi de sa volonté à convaincre une illustre femme de gauche à créer un parti gaulliste, mouvement dont elle était intimement plutôt éloignée. Figure de l'aile droite de la gauche frôceuse, elle ne semblait pas prête à franchir le pas.

- Evidemment que les convictions comptent pour les électeurs. Elles comptent aussi pour nous, dirigeants politiques ayant exercés les plus hautes responsabilités à la tête de l’Etat. J’ai eu à assumer la charge de conduire la politique du pays en tant que Premier ministre. J’ai cette expérience et cette volonté mais je ne suis malheureusement pas en mesure de renoncer à certaines de mes idées de femme de gauche pour fonder un mouvement au-delà du centre actuel. Même si je dispose d’une certaine liberté de ton dans mon parti, il convient aussi et surtout de respecter la confiance de mes amis, des militants et des électeurs. Je vais concourir à Anglès et au Grand-Piémont avec l’appui de l’appareil partisan et des soutiens divers, je me dois d’honorer cette confiance dans la durée.

Après une gorgée de son vodka-martini, elle fixa pendant quelques secondes Félicien dans les yeux.

- Toutefois, il existe bien une solution si jamais vous désirez faire de la politique autrement et de l’autre côté de l’échiquier politique cher ami.

Re: Restaurant Le Palais - 3, rue de Cluchie

Posté : 20 janv. 2016, 01:32
par Félicien Carles-Petite
Félicien accusa le coup. Comment avait-il pu penser qu'il ferait changer d'avis et d'orientation une femme qui était déjà arrivé au sommet du gouvernement, et qui y arriverait de nouveau sans peine ? Félicien s'en voulait, et se sentait désormais comme un stagiaire de 3e remis à sa place par son patron. Mais surtout ne pas se laisser déstabiliser. Pas devant elle.

- Bien entendu, je comprends. Vous êtes une femme de convictions, et votre place est auprès de votre famille politique. J'espère néanmoins que nous resterons en lien étroit au-delà de nos appartenances...
Et concernant votre solution, je vous écoute attentivement.

Re: Restaurant Le Palais - 3, rue de Cluchie

Posté : 20 janv. 2016, 01:43
par Alessandra Azeglio-Ciampi
- Votre carrière politique est à faire Félicien, l’avenir vous appartient. Vous trouverez ici un soutien et un conseil de tout temps et en toutes circonstances. Le fait est que mes convictions sont primordiales dans une époque où les citoyens sont balancés par une perte de confiance dans la parole politique. Que diraient-ils à une femme politique qui renonce à des convictions de toujours pour d’autres convictions ? Ils ne me le pardonneraient pas et ils auraient entièrement raison.

Voyant un brin de déception dans le regard de Félicien, elle s’efforça de lui expliquer une solution potentielle, une solution qui trouverait son essence toujours au sein de la famille d’Alessandra.

- Vous pouvez néanmoins compter sur la famille Valbonesi pour apporter un soutien à votre projet politique. Si Vincent n’est pas disponible actuellement pour les raisons que vous connaissez, il soutiendrait, en homme de droite et de conviction, votre idée de la politique. Il serait, tout autant que moi, surpris de constater autant de fougue et de courage dans votre ambition politique. Mon fils, Paolo, avocat de formation, est intéressé par une entrée en politique dans le pays de son père. Néanmoins, il se refuse à se lancer seul dans ce projet. Bien qu’un peu plus jeune que vous, Paolo apporterait un nom, un réseau et des financements à votre mouvement.

Re: Restaurant Le Palais - 3, rue de Cluchie

Posté : 20 janv. 2016, 01:58
par Félicien Carles-Petite
Félicien fut heureux d'entendre la nouvelle. Un Valbonesi serait donc prêt à le rejoindre dans sa quête politique. L'horizon brumeux s'éclairait grâce à cette femme qu'il valait mieux, décidément, avoir dans son carnet d'adresse.

- J'accueillerai votre fils avec grand plaisir, il sera chez lui à "Réformer!", qui deviendra sous peu un parti politique à part entière.

Félicien finit son verre.

- Je vous souhaite bon courage pour ces élections provinciales, je suis certain que vous réussirez. Une femme comme vous ne peut que réussir ce qu'elle entreprend... En tout cas, je ne vous remercierai jamais assez pour l'aide apportée. D'ailleurs, comment vous remercier ?

Re: Restaurant Le Palais - 3, rue de Cluchie

Posté : 20 janv. 2016, 02:18
par Alessandra Azeglio-Ciampi
- J’ai confiance dans votre capacité à réussir ensemble. Paolo est de la même trempe que son père, il réussira sans peine. Il convient de l’encadrer et de profiter au mieux de ses compétences, c’est un bourreau de travail. Sa jeune carrière dans le privé est une réussite. S’il quitte sa rémunération très avantageuse et le confort du cabinet d’avocats d’affaires dans lequel il travaille à Londres, c’est que son ambition est extrêmement puissante Félicien, extrêmement puissante.

Elle était dubitative sur les certitudes de Félicien quant à sa victoire aux municipales et aux provinciales.

- Je ne connais pas l’issu de ce scrutin. Mon absence a été longue. Le nom de ma famille a été salie sans que personne ne prenne notre défense et vu l’état de la droite depuis notre départ de Frôce, cela ne m’étonne guère. Vincent est encore très concerné parce qu’il se passe ici. Il regardera avec bienveillance votre parcours politique. Quant à moi, je mènerai campagne avec à l’esprit le souci de convaincre pour gagner. J’espère vous recevoir à Anglès prochainement.

On apporta son manteau de fourrure puis son compagnon duquel elle extirpa une carte de visite élégante.

- Voici ma carte. Vous me remercierez plus tard.

Elle se leva de son fauteuil puis approcha sa main de Félicien pour le saluer.

- Je vous souhaite une bonne soirée Félicien, prenez soin de vous. C'était un agréable moment et nous nous reverrons sans doute très bientôt.

Elle s'éloigna de la table, avec son garde du corps à ses côtés, son chauffeur l'attendait sur le parvis de l'établissement branché.