Frôce - Archives V3

Grand-Hôtel du Cap-Martin

Dans les toutes premières années du siècle dernier, Léopold II de Belgique déclara que les admirables paysages des Alpes-Maritimes étaient, en quelque sorte, des sections terrestres du Paradis. Enlacé et chapeauté d’azur et de lumière, le Cap-Martin était - et il le demeure - une des plus éblouissantes et fascinantes de ces sections. C’est au cœur de cet éden de quiétude et de beauté sauvage que la Compagnie Nationale du Tourisme choisit ce site prestigieux dominant la Méditerranée pour construire en 1908 le Grand-Hôtel du Cap-Martin. En proposant aujourd’hui des installations entièrement rénovées, le Grand-Hôtel du Cap-Martin a su se distinguer dans le monde du luxe de par la qualité de ses services souvent récompensés. Depuis le Grand-Hôtel du Cap-Martin, villégiature d’exception située à la pointe du Cap-Martin, bénéficiez d’une vue panoramique sur ce parc naturel de 7 hectares en bord de mer. Vous y découvrirez plus de 400 espèces de plantes exotiques et méridionales et serez irrémédiablement charmé par cet univers luxuriant dominant la Mer Méditerranée.

[centrer]Le Restaurant[/centrer]

Restaurant La Riviera

Monsieur François Delacourt, Meilleur Ouvrier de Frôce 2010,
vous propose une découverte culinaire à partir de produits de saison,
en trois services à 158 plz ou en quatre services à 248 plz pour l’ensemble des convives à table.

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Les Entrées

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La Langoustine Servie Tiède (128 plz)
Condiments à l’Estragon, Pomme Verte et Daïkon au Sésame

Le Chaud Froid de Foie Gras de Canard au Melon et Betterave Rouge (56 plz)
Poivre de Timut et Estragon

La Fine Lasagne au Caviar d’Aquitaine (188 plz)
Jeunes Poireaux à la Goutte d’Huile d’Olive

La Déclinaison de Légumes Crus et Cuits à la Truffe d’Eté (55 plz)
Quinoa au Jus de Carotte, Orange et Mozzarella
L’Œuf de Poule aux Petits Pois

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Les Viandes

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Le Filet de Bœuf Wagyu Poêlé (108 plz)
Huîtres, Noisettes, Œufs de Hareng Fumé
Patchoï et Pamplemousse Rose

L’Agneau de l’Allaiton de l’Aveyron (168 plz)
Grillé à la Broche et au Romarin Cèpes, Aubergines, Figues et Chèvre Frais
(pour 2 personnes)

La Côte de Veau de Lait Caramélisée (98 plz)
Socca aux Olives, Tomate Bombeck et Légumes Croquants Marinés à l’Orange et Balsamique

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Les Poissons

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Le Saint Pierre de Méditerranée Rôti au Sel du Canada (88 plz)
Burratina, Caviar Citron, Avocat et Bourrache

Le Loup de Mer Cuit à la Fleur de Sel (86 plz)
Parfumé à l’Anis, Fenouil et Pêche à la Verveine, Fraîcheur à l’Huile d’Olive

Le Turbot Poêlé sur l’Arête au Beurre Demi Sel (108 plz)
Asperges Vertes, Pomme de Terre au Citron Confit, Câpres, Pignons et Persil Plat

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Les Douceurs de Maria-Andrea d’Ambrosio

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Le Soufflé au Citron Jaune, Sorbet Coca Verveine (26 plz)

Le Mascarpone aux Fruits Rouges au Bois de Réglisse (26 plz)

Le Croustillant de Gavotte au Chocolat et Abricot (26 plz)

Le Coco-Fraise Glacé aux Senteurs de Gingembre (26 plz)

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Toutes nos viandes sont d’origines contrôlées

Prix nets - service compris

Les chèques bancaires ne sont plus acceptés par notre établissement

[centrer]L'Hôtel[/centrer]

Grand-Hôtel du Cap-Martin

Tarifs 2014

Villa Isis Nepthys : 2 500 plz la nuit
Villa indépendante de 250 m² avec 3 suites, une cuisine équipée, une piscine privée, un jacuzzi et un majordome

Villa Gasparini : 2 000 plz la nuit
Villa indépendante de 200 m² avec 3 suites, une cuisine équipée, deux terrasses et un jacuzzi

Suite Cap-Martin : 1 600 plz la nuit
Suite de 90 m² avec un coin salon, une vue sur la mer et sur le parc, une terrasse privée et un jacuzzi

Bizzy Bedroom Suite : 1 300 plz la nuit
Suite de 80 m² avec un coin salon, une vue sur la mer et sur le parc et une terrasse privée

Junior Suite : 1 100 plz la nuit
Suite de 45 m² avec un coin salon, une vue sur le parc et une terrasse privée

Junior Suite Deluxe: 900 plz la nuit
Suite de 45 m² avec vue sur le parc et une terrasse privée

Chambre Deluxe : 700 plz la nuit
Chambre de 40 m² avec vue sur la mer

Chambre Supérieure : 550 plz la nuit
Chambre de 32 m² avec vue sur la mer

Chambre Classique : 400 plz la nuit
Chambre de 25 m² avec vue sur le parc

Chambre Tradition : 300 plz la nuit
Chambre de 20 m² avec vue sur le parc

Dans la matinée, Marc de St Imberb traversa les grilles de la route menant aux portes du grand-hôtel. Il conduisait, seul, sa Maserati Ghibli achetée en 1970. Un hélicoptère de la République avait déposé Marc dans la mâtinée à Chouchenn, de là il avait récupéré sa voiture fétiche dans sa propriété sur les hauteurs. Puis avait roulé à tombeau ouvert pendant les quelques kilomètres qui séparaient la ville de McGregor de Tosla.
Un voiturier ouvrit la porte de la puissante italienne, un maître d'hôtel sur ses talons.

- Bonjour M. le Président, c'est un plaisir de vous revoir. M. le Président Valbonesi vous attends sur la terrasse du restaurant. Puis-je déjà vous apporter quelque chose de particulier pour votre petit-déjeuner ?

- Prévoyez simplement quelques croissants et un allongé pour moi, je vous prie. Je devrais manger plus consistant, enfin bon... Il n'est pas nécessaire de m'accompagner, je connais. Merci du service, excellent comme toujours.

L'ancien président traversa la salle du restaurant en direction de la terrasse. Habillé d'un costume fabriqué sur mesure mais porté sans cravate, Breitling au poignet, Marc de St Imberb était au top de sa classe, qui l'avait quittée pendant quelques années depuis la fin de son mandat présidentiel. Amaigri de dix kilos depuis qu'il avait commencé son régime, le teint moins gris depuis qu'il avait arrêté le tabac et surtout moins marqué depuis qu'il avait arrêté l'alcool, l'ancien président paraissait plus jeune que tel que les Frôceux l'avaient connu lors de son mandat présidentiel.
Marc trouva finalement sur la terrasse Vincent Valbonesi.

- Bonjour, M. le Président. Comment allez-vous ? Demanda Marc en affichant un grand sourire de circonstances.

Vincent était arrivé la veille au soir. Il n’était pas du matin et l’idée de se lever tôt pour prendre un avion privé vers l’aéroport de Chouchenn puis faire le trajet en voiture jusqu’à Tosla n’était vraiment un bon programme pour lui. Il était donc déjà à l’hôtel, qu’il appréciait pour son luxe, son raffinement et la discrétion qui ont fait de lui l’un des joyaux de la Côte bleue frôceuse.

Vêtu d’un costume bleu et d’une chemise blanche, il n’avait pas eu la force de mettre une cravate. Ses mocassins d’un noir brillant lui donnaient une allure certaine. Il était assis sur une chaise près d’une table, la jambe gauche délicatement posée sur la jambe droite, un journal dans les mains. Lorsque le maitre d’hôtel lui fit signe de l’arrivée imminente de son invité, il envoya valser son journal, se leva et se posa près de la balustrade qui séparait la terrasse de la petite falaise sur laquelle était accrochée le Grand-Hôtel du Cap-Martin.

Marc de St Imberb était remarquablement vêtu nota Vincent qui n’avait jamais eu l’occasion de constater cet homme si bien apprêté. Il remarqua les quelques kilos en moins de l’ancien président. Sans tarder, il s’approcha vers lui en lui tendant la main. Les deux hommes étaient seuls sur la terrasse à l’exception du personnel de l’hôtel.

"M. le Président, bonjour, quel plaisir de vous revoir. Je vais très bien merci.
Et vous comment allez-vous depuis notre brève entrevue d’hier lors du meeting de McGregor ?"

Il invita Marc à s’asseoir à la table prévue pour le petit-déjeuner entre les deux hommes. Une vue imprenable sur la Mer Méditerranée accompagnerait ce moment républicain.

Marc s'assit avec plaisir, il avait les jambes quelque peu fatiguées étant donné la dureté de la boite de vitesse de sa voiture. Il sortit d'un étui une cigarette électronique qu'il posa délicatement sur la table.

- Très bien, je vous remercie. Le meeting de la FDF était très bien organisé, bien que je dois dire que McGregor n'est pas aussi bon orateur que l'était Montgomery. Mais je manque à tous mes usages : il me faut vous remercier pour cette invitation, qui est une remarquable idée. Le peuple doit faire un effort pour se réconcilier, j'estime donc que nous également.

Un serveur déposa sur la table divers mets. Marc se fit servir un café, et l'employé lui déposa quelques croissants dans une assiette. Puis l'ancien président but une gorgée dans sa tasse.

- Je dénote chez vous en ce moment une certaine activité... Etant donné votre don pour la politique, je serai étonné si vous ne prépariez un retour fracassant, dit Marc dans un sourire. Parlez-moi donc de vos projets, M. le Président.

La perte de poids ne venait pas du sport. La sortie de cette cigarette électronique était l’explication : un régime et la cigarette pour perdre du poids. Vincent n’avait jamais pu passer à la cigarette électronique, pas plus qu’à la traditionnelle cigarette, il était un fervent défenseur du cigare qu’il consommait moins qu’auparavant mais avec toujours autant de plaisir. Il ne s’attarda pas sur l’accessoire de Marc. Tout en écoutant Marc, il demanda un peu de lait pour son café au serveur. Il but une gorgée puis répondit.

"On ne peut pas vous mentir. Effectivement, je reviens délicatement mais surement aux affaires politiques de mon pays. Je ne vais pas vous étonner en vous exprimant le sentiment que peut avoir un ancien chef de l’Etat quand il s’aperçoit que l’avenir du pays qu’il aime tant s’annonce orageux. Je prends de l’âge, tout comme vous, et je pense qu’il est temps de procéder à cette réconciliation nationale pour l’avenir de notre pays car il représente un objectif commun me semble-t-il."

Il s’arrêta quelques secondes, le temps de prendre une gorgée de son café encore chaud.

"Mais à ce que je vois, je ne suis pas le seul à penser à un retour aux affaires. J’ai été surpris d’entendre toutes ces rumeurs sur votre prétendue transformation. On m’a dit que c’était pour une question de bienêtre. Je suis sceptique. Vous connaissant, je ne peux que penser que vous aussi, vous souhaitez un retour dans l’arène politique M. le Président ?"

Marc entama son croissant, s'essuya délicatement la bouche et observa deux secondes son interlocuteur. Il avait en face de lui celui qui était sans doute l'homme le plus puissant de Frôce, avec Gino Finacci notamment. Valbonesi était capable à loisir de faire perdre ou gagner n'importe quel candidat à la présidentielle. Le moment n'était cependant pas venu de se laisser impressionner.

- Je ne peux rien vous cacher non plus. Cependant, il est vrai qu'il était temps pour moi de prendre soin de mon corps. Trop d'alcool, trop de tabac, trop peu d'efforts ont failli conduire à ma perte. Je me rappelle encore mon hospitalisation dans cet hôpital d'Aspen... Les seuls à être passés me voir étaient Fabio Martini et François Bertrand. Je m'en suis peu à peu remis, jusqu'à ma nomination au poste de Premier Ministre, que j'ai peu après quitté. Et, si mon travail à la Cour Suprême me plait, en revanche je dois dire que je sens que ma fin politique n'est pas venue. Mais je dois dire... Même si je me présentais aux Présidentielles, je ne pense pas que je serais élu. Face à des nouveaux, des plus jeunes, je n'aurai aucune chance. Je suis donc pour ainsi dire entre deux chaises.

L'ancien président finit son croissant.

"Cette nouvelle philosophie de vie vous honore M. le Président et je vous le dis très sincèrement."

Il fit un sourire.

"Je prends plaisir à débattre et à discuter avec des individus qui ont une élégance, un savoir et un raffinement particulier. Vous êtes le prototype même de ce que je considère comme étant un homme d’Etat. Votre expérience le démontre, votre modestie sur les évènements, dramatiques, de ces derniers mois le confirme."

Il chercha un couteau afin de beurrer une biscote puis il l’étala de la confiture d'abricot (sa favorite) sur celle-ci, avec parcimonie.

"Je confirme vos dires. La situation politique actuelle n’est pas favorable pour nous. Je pense que McGregor va être élu sans difficultés, c’est pour cela que je le soutiens. Je vois que vous aussi, c’est le symbole que nous n’avons pas perdu notre sens politique. Je n’aurai pas plus de chances que vous à cette élection présidentielle sans un appareil partisan derrière moi pour me soutenir comme il y a quelques années. Mais nous avons, et vous plus que moi, l’expérience du pouvoir et les turpitudes de la vie politique partisane. Il y aura des opportunités."

Marc fut flatté par ce que lui dit Valbonesi. Il ne s'attendait pas à cela.

- Je pense avoir bien moins la carrure d'homme d'Etat que vous, M. le Président ! Mais dîtes-moi... Vous êtes un homme de stratégie, non ? Quelle est la votre pour les prochains mois ?

Puis l'ancien président entama un nouveau croissant.

- Ce lieu est splendide. J'étais déjà venu, quand j'étais Ministre de l'Economie. Ah, l'exercice du pouvoir... Et comment les garder, ces postes à responsabilité ? Oh bien sûr, juge à la Cour Suprême est un poste à responsabilité, mais vous comme moi savez que ce n'est rien à côté d'être Premier Ministre ou Président. Je me rappelle quand, sous le gouvernement Finacci, j'ai fait mes premiers pas au Ministère de la Culture. J'ai su dès lors que j'étais fait pour ça... Je donnerais tout pour revenir aux affaires.

"Je n’ai pas encore déterminée ma position pour les prochains mois. Je n’ai pas d’envie particulière pour le mandat présidentiel à venir d’un point de vue politique. Je n’empêcherais rien ni personne d’agir comme bon lui semble tant que les intérêts de la Frôce sont un objectif des dirigeants politiques actuels et à venir. Si je devais vous faire une confidence, je vous dirais que l’Assemblée Citoyenne est une priorité pour quiconque souhaite revenir sur la scène politique nationale."

Vincent s'arrêta pour terminer en une gorgée son café.

"Je dirais qu’il y manque un Président indépendant. Rendez-vous compte que j’ai appris il y a peu que le président de la République était aussi le président de l’Assemblée Citoyenne en quelque sorte puisqu’il vient organiser le débats. Vous êtes un homme de droit, tout comme moi, et je connais votre sens du respect des institutions, je ne peux qu’imaginer votre profond désaccord avec cette pratique anti démocratique, n’est-ce pas ?"

Il fit un signe au serveur pour lui demander un nouveau café bien serré.

"J’aime beaucoup venir ici. C’est un repaire isolé, calme et raffiné. J’ai aussi pris l’habitude de venir au Cap-Martin lors de la réception de mes invités étrangers lorsque j’étais président de la République..."

Il croisa les bras, l’air pensif et observa tout autour de lui.

"Mais cette époque est révolue. L’exercice du pouvoir est une maladie incurable : il ne vous quitte jamais et peut vous pousser à des actions sublimes comme à trouver nécessaire le côté le plus abject de l’être humain. Nous ne sommes pas faits pour une vie monotone, allant chercher nos croissants tous les matins puis revenir au domicile pour jardiner avec notre femme. Cette vie-là n’est pas la vie des hommes qui ont eu l’exercice du pouvoir. Qu’en dites-vous M. le Président ?"

Marc écoutait avec attention les propos de son interlocuteur, et le montrait par sa posture. Incliné vers le Président Valbonesi, mains jointes entre deux gorgées de café, air attentif.

Anti-démocratique... C'est beaucoup dire, je pense. Un président élu au suffrage universel, pour diriger l'action de l'assemblée citoyenne ultra-démocratique. Si le système est rare, voire même inédit, en droit constitutionnel, en revanche il est intéressant. Et n'oublions pas que la présidence de l'assemblée relève davantage de la police qu'autre chose. Selon-moi, il faut observer avec la pratique. Qu'en pensez-vous ?

Marc finit sa tasse de café, alluma sa cigarette en appuyant cinq fois sur le bouton et commença à vapoter sur sa "VapoFrôce", modèle "President".

Une vie monotone faite de jardinage... Même si vous concéderez comme moi que les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse, il faut admettre que là n'est effectivement pas vraiment notre place. Même si souvent j'aime à me considérer comme un citoyen ordinaire, ranger ma boîte à outils en écoutant du jazz, le pouvoir me manque terriblement. Mais j'avoue ne pas savoir comment y revenir. Je laisse donc le temps passer et me présenterai à la première occasion favorable. Si ceci ne contrera pas vos plans, pourrais-je compter sur votre soutien, M. le Président ?

Visiblement surpris par la réponse de Marc, Vincent ne fit aucune réaction immédiate. Il patienta quelques instants le temps de prendre un café avant de répondre, sagement, à l’ancien Président.

"Voyez-vous, le fait est que la séparation des pouvoirs, inscrite dans la déclaration françaises des droits de l’homme de 1789, mère de toutes les déclarations des droits qui suivront, rappelle le principe même de la nécessité de cette séparation. Si je m’en tiens à ma formation de juriste, cette situation ne tiendrait pas bien longtemps devant la Cour européenne des droits de l’homme. A ce propos, je vais faire parvenir une demande à la Cour Suprême sur cette thématique, j’estime que celle-ci reconnaitra grâce à ses compétences la faille démocratique dans laquelle nous évoluons depuis l’adoption de la nouvelle Constitution. Je ne peux imaginer une pratique illégale des droits fondamentaux, c’est impossible. Je ne peux pas m’accommoder de la violation d’un principe aussi vital que la séparation des pouvoirs. Que diriez-vous si le président de la République en exercice venait s’immiscer dans les travaux de votre Cour ?"

Il rehaussa les épaules, posa ses mains sur la table puis fixa Marc du regard.

"Si cela ne suffit pas, alors j’irais devant la Cour européenne des droits de l’homme pour faire condamner la Frôce et forcer le pouvoir en place à modifier sa Constitution. Je n’ose imaginer le retentissement médiatique d’une condamnation de la Frôce. Mais le prix du respect de la démocratie et des droits de l’homme est à ce prix. De par ma position d’ancien chef de l’Etat, tout comme vous, je pense que nous avons une responsabilité morale devant les frôceux et qu’il est de notre responsabilité de tout faire pour préserver ces droits."

Marc réfléchit pendant de longues secondes.

Oui, vous avez raison, et jusqu'à présent je dois avouer que je n'avais pas disposé du recul suffisant pour pousser la réflexion. Il fallait une constitution stable et rapidement... Mais effectivement il y a un problème. A force de statuer sur des problèmes inintéressants de politiques qui portent plainte pour un oui ou pour un non, j'en avais oublié la réflexion constitutionnelle... Je dois vous paraître terriblement à côté de la plaque, mais je dois vous avouer que ces derniers temps je n'ai pas vraiment pu me poser. Mettons ça sur le compte de la fatigue, et non de la sénilité je vous prie !

Marc rit en s'adossant sur sa chaise.

"Cette requête n’a rien d’urgent mais il me semblait nécessaire de signaler à la Cour cette anomalie. Je sais que l’on va me sortir des éléments douteux, notamment le fait de stabiliser le pays suite à dernière révolution mais en tant que juriste je ne peux m’empêcher de trouver inadmissible le maintien de cette faille constitutionnelle majeure. J’entends déjà certains me répondre que le président est élu au suffrage universel direct, mais le président Obama est lui aussi élu au suffrage universel direct, pourtant, personne ne pourrait imaginer le chef de l’exécutif à la tête du Parlement. La dernière anarchie dans laquelle a sombrée la Frôce n’est pas étonnante si l’on tolère sans vergogne ce genre d’anomalie constitutionnelle."

Il s’arrêta quelques instants, le temps de contemple le panorama qui s’offrait à lui.

"Enfin bref. Ne nous épanchons pas trop sur cela. Dites-moi, allez-vous être candidat aux municipales ? Pour tout vous dire, j’envisage bien volontiers une septième réélection à la mairie de Casarastra."

Frôce - Archives V3

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