
Sans doute ressentait-elle les mêmes inquiétudes et les mêmes espoirs que François Bertrand, actuel président de la Cour Suprême, quant à la rectitude et au sens des responsabilités dont devrait faire preuve le futur prochain président de la République, cette fois-ci ni intérimaire, ni de substitution.
François était proche de Benjamin McGregor pour avoir été longtemps membre de la Fédération Démocrate Frôceuse. Depuis son départ du parti, il n'avait eu de cesse de garder contact avec lui jusqu'au jour où, membre du parti de centre droit dirigé par Vincent Valbonesi, il eut à côtoyer Benjamin à nouveau lorsqu'il dû suppléer de manière intérimaire Maxime Dellas, le chef du gouvernement de centre gauche qui devait s'absenter à l'aube de son mandat dans le cadre d'un accord centriste.
A l'apogée de sa carrière politique, François Bertrand s'était présenté à l'élection présidentielle contre un candidat radicalement socialiste. Il avait eu pour l'occasion le soutien de nombreuses personnalités de centre gauche dont Marc de St Imberb ou Anne-Lore Zahara, ce qui expliquait sans doute la raison pour laquelle François n'avait pas hésité à soutenir en coulisses la candidature de Benjamin McGregor et pourquoi en toute honnêteté, loyauté et cohérence, il avait souhaité quitter le PUR.
C'était donc avec nostalgie qu'il était, face au pupitre disposé dans la salle des fêtes du Palais d'Anthelme, en train de saluer tous ceux qui s'étaient présentés dans la cérémonie. Invités du président élu mais pas que, sans doute. Peut-être la présence de certains opportunistes qui s’incrusteraient après avoir tout fait pour faire échouer l'élection de McGregor?
François se sentait à son aise dans la fonction qui était la sienne. Elle lui permettait de mettre en avant ses qualités de juriste, de rester en retrait de la politique tout en se posant des questions sincères sur son engagement public futur. Il avait quelques réponses, mais il préférait mûrir un peu plus dans ses réflexions avant d'envisager un retour au politique.
Admiratif face à la personnalité dont il avait incité le retour et encouragé la candidature, sans que personne ne le sache en public, il invita avec fierté Benjamin McGregor à se présenter face à lui.
« Toutes mes félicitations Monsieur le président de la République. En application des dispositions de la Constitution, je vous invite à répéter après moi tout en levant la main droite »
Il leva la main droite en signe d'exemple après lui avoir tendu un exemplaire de la Constitution.
« Moi, Benjamin Israël David McGregor Liebermann, trente-neuvième Président de la République de la République Frôceuse, jure solennellement de respecter les principes énoncés par la Constitution et m'engage à faire de mon mieux pour assurer l'équilibre et la continuité des institutions. »