Alexandre mit sur sa platine un vinyle du Boléro de Ravel. Il venait de prendre ses fonctions et devait se rendre au 1er Conseil des Ministres. Les affaires commençaient dur. Vailland se leva de son fauteuil, caressa avec la pulpe des doigts le sous-main présidentiel, puis s'approcha d'un planisphère encadré à l'autre bout de son bureau. Il scruta du regard différends pays du monde, ses neurones tourbillonnant à grande vitesse. Le Président est aussi le chef de la diplomatie. Et Alexandre était passé maître dans cet art. Sauf que maintenant, il contrôlait la politique intérieure, et extérieure. Penser à ce pouvoir le faisait frémir.
Il s'assit dans le canapé du bureau et prit sur la table basse l'organigramme du gouvernement que le secrétaire avait déposé là.
Von Bertha. Sa nomination avait créé la surprise, mais au fond personne ne s'étonnait de voir cette femme forte et intelligente arriver à de si hautes responsabilités. La "caution de droite" de l'ADF n'avait pas été mise là uniquement pour ses qualités, mais pour imposer un style fort, ancré au centre-droit, pour marquer les esprits et continuer d'écraser du talon le RLPN.
Washington. Un jeunot qui manquait parfois de recul, mais qui saurait faire les bons choix. Il était entre de bonnes mains.
Finacci. Un VIP de la politique frôceuse. Un personnage qui devait contrôler la moitié des milieux louches en Frôce, l'autre moitié vivant continuellement avec les chocottes de se faire écraser les parties par un homme de main de Gino. Et, qui plus est, un analyste politique hors pair. Quelqu'un qu'il vaut mieux avoir dans son camp.
Marc Schaft. Un incontournable, très populaire, et visionnaire. Ce n'est pas sans regret qu'Alexandre l'avait écarté pour le poste de PM. Mais exigences politiques sont ce qu'elles sont.
Dorian Bolitar. Un cadre du centre, qui avait un peu déçu par le passé, mais était appelé à largement se rattraper et à marquer de son empreinte l'Intérieur et la Défense.
Lubenac. Un Maire parfois controversé, mais grande gueule, et fonceur. L'homme qu'il fallait pour changer la face du pays.
Bastien pommier. Social-démocrate, social-libéral, démocrate chrétien ? Difficile à savoir. Au mépris de quelques conseillers, Alexandre avait estimé qu'il était le meilleur choix pour le Ministère de l'Education.
Sami Berkissian. Ce dernier devait sans doute prendre Alexandre pour un con, se disait-il, mais voir cet esprit supérieur dans son gouvernement le rassurait sur le niveau des débats qui pourront avoir lieu en interne. Et puis, pour la culture, qui de mieux ? Alexandre lui avait proposé un portefeuille plus prestigieux, mais Sami avait demandé la culture. Un homme comme ça, il y en a un toutes les décennies.
Alexandre se leva pile quand son téléphone sonna. Son secrétaire lui annonça l'arrivée d'un invité. La Première Ministre. Alexandre descendit dans le vestibule, salua Angela puis monta avec elle dans son bureau.
- Mme la Première Ministre. C'est un grand plaisir que de vous voir endosser ce rôle. Comment allez-vous ? Pas trop sonné par ces premières heures à Belley ?