
L'affiche de campagne était projetée sur l'écran géant, tandis que les gens s'engouffraient au fur et à mesure dans la salle au son d'une musique électronique d'ambiance.

Chers amis,
Quel plaisir. Quel plaisir que d'être présent, ce soir, devant vous, pour vous présenter mon projet. Les semaines, les mois ont passé depuis mon élection au poste de gouverneur de la Provence. Quelques semaines avant le dernier scrutin, j'étais encore inconnu, j'étais un jeune entrepreneur indépendant qui rêvait de changer mon pays. Depuis il y a eu des victoires, la plus belle fut sans doute celle qui m'a amené à la tête de notre province, sans compter toutes les victoires qui font le quotidien d'un élu local : voir ses politiques publiques aboutir, voir que l'on aide ses concitoyens.
Il y a eu aussi des désillusions, peut être plus nombreuses que les victoires. La fin de "Réformer!", bien entendu. Il y a eu aussi les projets provinciaux qui n'ont pas abouti. Le projet provincial sur la transparence. Nick Zelmer a voté contre sous prétexte qu'il est le seul à avoir à connaître de son patrimoine. C'est une vision apparatchik de la vie publique, ce n'est pas la mienne. Il y a aussi le refus de la mise en place d'une simple application mobile, pourtant bien pratique et tellement pleine de sens pour nos concitoyens. Certains ne sont pas réceptifs aux nouvelles technologies. Le refus du plan formation professionnelle également. Comment ne pas en vouloir à ceux qui ont refusé sans raison de voter ce plan, alors qu'il aurait changé la vie de milliers de provençaux...
(Huées dans la salle).
Et puis il y a des désillusions qui n'en sont pas vraiment. Voir les partis traditionnels de gauche et de droite, hier alliés pour ma victoire, aujourd'hui me plantant un coup de couteau dans le dos car préférant voir l'extrême droite gagner qu'un projet ambitieux pour ses habitants. C'est sûr, ce sont des nouvelles qui ne sont pas faciles à apprendre. Mais on se console en se disant que pour un politicien en crise d'égo, ce sont des milliers d'habitants qui choisissent quelqu'un de compétent et d'engagé pour son territoire.
La politique des partis ne m'aura rien appris, à part le fait qu'il y a certaines personnes droites dans leurs bottes, et d'autre non. Passons là dessus.
(Applaudissements).
Ce territoire, il m'a vu naître. Je ne suis pas un parachuté, je ne suis pas un opportuniste. Ce territoire, je l'ai vu, vécu, parcouru de part en part. La Provence des champs de lavande parcourant les plaines et les coteaux, celle des villages ancestraux nichés sur des pics majestueux, celle des ports internationaux et des petits ports de pêche, celle des autoroutes et celle des chemins forestiers. La Provence des agriculteurs, celle des instituteurs, des banquiers, des patrons, des commerçants, des ouvriers, des étudiants, des chômeurs. La Provence qui rassemble et ne divise pas. La Provence qui a besoin d'un projet car elle a besoin d'un avenir, la Provence qui a besoin d'ambition car elle est au cœur de la méditerranée, de l'Europe, du monde. C'est cette Provence que j'aime, c'est cette Provence pour laquelle j'ai travaillé pendant deux ans, c'est cette Provence pour laquelle je veux travailler encore deux ans.
(Applaudissements).
Cette Provence, elle accompagne tout au long de la vie. Elle aide les formations, elle tend la main. C'est pour cela que je relancerai le projet de Plan Formation Professionnelle, qui permettra à chacun de pouvoir se former tout au long de la vie et changer de voie, peu importe son âge ou son niveau d'études. C'est pour cela qu'en lien avec l'Etat, je mettrai en place des spécialités "informatique" dans les lycées et collèges provençaux, et des matières informatiques en bonification. Il me paraît essentiel que chaque petit provençal, au sortir du lycée, sache utiliser l'outil informatique, sache protéger ses données, sache comment fonctionne un logiciel.
La Provence qui accompagne, c'est celle qui aide les jeunes à aller à l'étranger, par des bourses de mobilité octroyées en fonction des projets de chacun. C'est celle qui met en place une carte culturelle permettant aux habitants, à moindres coûts, de bénéficier des infrastructures et événements culturels comme tous les autres habitants. C'est celle qui aide les collèges et les lycées à se doter de matériel performant et dernière génération. C'est celle qui tend la main, pas celle qui dénonce, pas celle que veulent nous imposer les partis populistes, cette Provence, c'est la notre !
(Tonnerre d'applaudissements).
Tout à l'heure je me promenais dans l'arrière pays de Chouchenn, avant de venir à Vauxin. J'étais émerveillé par la nature qui s'offrait à moi, à quelques kilomètres seulement du centre-ville. La Provence, je la vois agissant pour l'environnement. Pas avec des mesurettes, avec un grand programme. Je souhaite créer une agence de maîtrise de l'énergie, qui serait un acteur public incontournable pour les particuliers comme pour les collectivités. Je souhaite créer des parcs naturels terrestres et marins, en lien avec la Corse-Sardaigne notamment, dotés d'une autorité de contrôle et de préservation de cet environnement. Je souhaite installer des parcs éoliens et sous-marins pour aller vers la transition énergétique. Je souhaite également créer des assises régulières de l'écologie, qui allierait société civile et collectivités dans l'élaboration de projets environnementaux.
Un tel modèle démocratique, je le souhaite également pour mettre en lien territoires ruraux et territoires urbains, pour qu'ils ne soient plus mis en concurrence, mais qu'ils soient vus comme des acteurs complémentaires. C'est ainsi que je veux développer le train et l'autocar, par une politique de transport cohérente et ambitieuse. C'est ainsi que je veux soutenir l'installation en zone rurale, et créer des résidences de mobilité permettant aux habitants de la province de se loger partout en Provence pour un court moment, par exemple en cas de formation, de stage, etc. C'est ainsi que je veux créer une vraie chambre de l'agriculture de Provence, valoriser nos terroirs par des salons et prix agricoles. Nous devons voir où sont nos forces. Elles sont sur le littoral bien sûr : mais elles sont aussi dans chaque village, dans chaque ferme, dans chaque savoir-faire, et Dieu sait que toutes ces choses ne sont pas assez connues et reconnues !
(Applaudissements).
Je ne peux pas développer ce soir mon programme, il est très dense et vous le connaissez par cœur (rires). J'aimerais simplement que vous sachiez à tel point mon engagement pour la Provence est fort, ancré, désintéressé. Je suis un Provençal qui a créé des emplois, qui a un travail à côté de son engagement, qui paie des impôts, personnels et professionnels. Et j'ai une confidence à vous faire ce soir. Peu importe le résultat des élections dimanche, ces élections seront mes dernières. Je ne me représenterai plus au poste de Gouverneur de la Provence. Je suis fidèle à mes convictions. Je ne suis pas un professionnel de la politique, et je ne le serai jamais.
Contrairement à tous les barons qui viennent de me renier, je ne joue pas aux échecs. Je ne joue pas du tout. Je travaille, et je travaille pour vous, car aujourd'hui comme pour les deux prochaines années, vous êtes tout ce qui compte.
Vive la République,
Vive la Provence !