[Présidentielle septembre 2014] Débat environnement

[Alexander J. Crawford]

Monsieur de Kervern, je dois vous féliciter. N'importe quel benêt arriverait à avaler vos couleuvres. Heureusement les électeurs savent raisonner et relever vos contradictions. Vous avez quand même l'audace de promouvoir un mode de production électrique qui génère des déchets radioactifs et de clamer haut et fort que c'est bon pour l'écosystème ! Ben voyons ! Autant dire que les pesticides dans nos légumes sont bons pour la santé ! Ensuite, vous êtes quelqu'un de candide si vous croyez que les déchets radioactifs peuvent être totalement sous contrôle. Vous n'en savez rien. La radioactivité agit dans le sol, dans l'eau, dans l'air, elle n'est pas contrôlable. Ces déchets souillent l'environnement, ils auront donc un impact direct ou indirect sur l'homme.

Ce n'est pas malvenu de donner ces précisions à Monsieur Gilbert, en tant qu'écologiste assumé, j'en fais même un devoir citoyen. Je n'ai jamais dit que l'éolien était mon cheval de bataille, je lui préfère l'hydraulique ou encore le solaire. Tirez les conclusions qu'il vous plaira, mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Le Danemark est aussi un exemple de ce qu'il ne faut pas faire : des investissements dans le vide. A ce titre, j'en profite pour pointer du doigt un reproche qui est souvent fait à la gauche : dépenser toujours plus et n'importe comment. Chaque site de construction potentiel pour une centrale devra être étudié de sorte qu'une fois le bâtiment construit, il génère une production optimale. Bâtissons intelligemment, en vérifiant que l'investissement en vaille la peine. Après tout, les contribuables ne sont pas des vaches à lait. L'argent investi doit être d'utilité publique. C'est un engagement pris par la gauche et par Monsieur Bertrand.

Monsieur Kervern, le RPLN n'a pas su prendre le train de la modernité. Vous tenez le même discours que ceux qui ont soutenu le nucléaire dans les années 60. Vous encensez le thorium en négligeant dangereusement ses effets et les conséquences potentielles qu'il peut avoir. Vous en faites un fleuron, en oubliant de dire que plus les années vont passer, plus l'entretien des centrales sera compliqué et coûteux. Dans 30 ans, vous serez à la retraite, en train de couler des jours heureux... Et la facture astronomique que vous allez laisser aux générations futures, elle vous passera par dessus la tête. C'est tellement facile d'agir sans craindre d'être ramené à ses responsabilités un jour...

[François Bertrand]

Hors délai

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Ce que vous oubliez de dire M. de Kervern, c'est que les réacteurs rapides à sel fondus font encore l'objet de recherches et d'études. Le passage du stade de recherche au stade d'industrialisation, donc d'exploitation des ressources par des centrales nucléaires présente de nombreux inconvénients parmi lesquels la nécessité de réfléchir à des installations qui permettraient le retraitement chimique des sels ou encore les mesures conservatoires qui ne sont toujours pas définies. Mais oui, ce n'est pas tout de produire, il faut aussi voir comment on conserve les ressources qui auront été produits, ce qui reste problématique vu la production significative de tritium causée par les sels.

Vous donnez en exemple la France qui en est - et c'est vrai - au stade de l'expérimentation. Ce que vous omettez également de préciser, c'est qu'une étude du commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives a révélé que la compétitivité de cette catégorie de réacteurs est très marginale.

Dans l'absolu, vos propositions sur le thorium pourraient être prises au sérieux si la Frôce, au même niveau que la Chine ou d'autres pays, avait déjà les bases expérimentales pour envisager une production industrielle à terme. Mais l'urgence énergétique est là et les coûts considérables que ça nécessiterait soutiennent l'idée que ça n'est pas possible de mettre en oeuvre ce projet à court, et même à moyen terme.

Concernant l'éolien, votre argument sur la météo est tout à fait inexact et dénote votre désintérêt pour la géographie frôceuse, aussi diverse que formidable. Par ailleurs, vous évoquez la question du financement comme si l'éolien n'était pas une source d'énergie complémentaires parmi toutes celles qui le seraient. Que je sache, M. Crawford n'a pas parlé d'exclusivité en parlant d'éolien.