Villa Aquila - Résidence de Vincent Valbonesi

[Vincent Valbonesi]

[centrer]Villa Aquila[/centrer]

Un nid d'aigle accroché à la roche, dominant une nature flamboyante au coucher du soleil. Probablement l’une des propriétés les plus idéalement située du front de mer sauvage de Casarastra. Située face à la mer, la propriété s'ouvre sur la nature en conservant une totale intimité. Un ascenseur facilite la circulation entre les différents niveaux de cette demeure caractérisée par son esprit loft aux larges baies-vitrées, offrant des vues spectaculaires et imprenables. Jouissant d’un terrain de 4 700 m² et de plusieurs terrasses, elle est l’endroit idéal pour le repos et la détente. Construite en 1980, cette propriété a été totalement rénovée en 2009 par des architectes et des décorateurs proches de Vincent, tout cela dans un esprit résolument contemporain. Pendant son mandat de président de la République, Vincent Valbonesi venait presque chaque weekend se ressourcer dans sa villa, à l’abri des photographes et des caméras. Soucieux de préserver ce jardin secret, la propriété est placée sous vidéosurveillance et elle dispose de la protection des plusieurs policiers. Il reçoit la visite de sa famille, notamment de ses deux fils, Paolo et Luca, chaque weekend. D’autres visiteurs illustres s’incrustent par le grand portail d’entrée mais leur identité reste très souvent méconnue…

[Vincent Valbonesi]

La secrétaire de Vincent Valbonesi était en passe de quitter le bureau qu’elle occupait dans une prestigieuse rue d’Aspen quand son téléphone sonna. C’était l’ancien chef de l’Etat. Son visage exprimait à merveille le sentiment de frustration qui venait de s’emparer d’elle. Elle savait que ne pas répondre était synonyme de licenciement avec le caractère méditerranéen de son patron. Souriante même en son absence, elle lui répondit d’une voix douce.

- Monsieur le Président, que puis-je pour vous ?

- Veronica, j’aimerais m’entretenir avec le président de la Cour Suprême, M. François Bertrand. Je n’ai plus son numéro personnel depuis que j’ai pris quelques vacances dans ma villa sur les rives du Lac de Côme et que mon téléphone s’est brisé sur la glace hivernale du lac au détour d’une malencontreuse chute. Mais je sais très bien que vous avez, sur notre carnet d’adresses, le numéro de son directeur de cabinet. Donc s’il vous plait, proposez-lui une invitation à diner chez moi pour ce weekend. A ma connaissance, il n’a toujours pas de femme, s’il en a une, faites-lui comprendre que c’est un dîner entre professionnel. Vous pouvez faire ça pour moi ?

- Bien sûr M. Valbonesi…

- Non.

- Pardon, je voulais dire bien sûr M. le Président.

Comme à son habitude, il se contenta de raccrocher sans dire au revoir ou merci ou merde. Il n’était pas adepte des formules de complaisances. Il avait l’intention de discuter des affaires avec François Bertrand qu’il n’avait plus reçu dans ses célèbres dîners depuis bien trop longtemps. Puis bon, accessoirement, il était le président de la Cour Suprême. Ainsi, refaire surgir un intérêt pour l’homme ne pouvait pas être une trop mauvaise idée.

[François Bertrand]

François Bertrand était en effet célibataire, il courtisait ici et là une splendide femme qu'il tenait pour le moment à garder secrète.
Après un dîner savoureux au Purple, il fit venir son chauffeur pour le déposer à la villa Aquila. C'est donc à l'aube qu'il arriva enfin à Casarastra, un peu déçu comme il préférait les rendez-vous nocturnes.
Ouvrant son mur Facebook, il aperçu un message sur le compte de l'ancien président auquel il était abonné. Il serra ses dents.

"Monsieur Bertrand, voulez-vous que je m'arrête dans un café?"

Le président de la Cour Suprême enfila ses lunettes noires et répondit par l'affirmative. Ainsi il n'aurait rien à demander si celui qui l'invitait lui proposait quelque chose à grignoter ou à boire.
Le café était aussi convivial que les habitants de Casarastra. Des gens fêtards et heureux qui savouraient la vie avec un temps toujours clément. Un croissant et un café était disposés sur la table, François lisait le journal et pouvait observer que la campagne du 1er tour se déroulait avec entrain. Il fallait bien suivre son déroulement pour pouvoir annoncer publiquement sa préférence.
Une personne l'ayant reconnu vint vers lui et lui tendit la main après s'être présenté :

"Monsieur, sans vouloir être indiscret, vous allez faire votre retour en politique? Nous avons hâte de retrouver vos compétences ! Soutenez Benjamin McGregor!"

Un peu gêné, François répondit de la sorte :

"Merci du compliment. J'annoncerai mon choix de candidat à la fin de la campagne. Ecoutez, pour le moment je préfère m'investir à fond au sein du Palais de Montmorency. La Cour Suprême est un pilier de notre démocratie et je pense y être à ma place. Je n'exclue pas un retour en politique, mais ce ne sera certainement pas dans le prochain gouvernement quelque soit la personne que je soutiens et la personne qui sera élue. Je veux pour l'heure faire mon travail, commenter l'actualité mais sans plus. Bien entendu, je remplirai mon rôle de citoyen au sein de l'Assemblée Citoyenne"

Son chauffeur ouvra la porte arrière et le conduit vers la Villa Aquila. Le portail s'ouvrit et la berline se gara.

[Vincent Valbonesi]

Vincent n’était pas peu fier de son « coup » avec sa publication sur sa page Facebook. Il se demandait néanmoins si François aurait le culot nécessaire pour venir l’affronter chez lui après cette déclaration pour le moins inamicale de l’ancien président. Lorsque l’un des gardes du corps de Vincent lui indiqua l’arrivée de François Bertrand devant le portail de la Villa Aquila, Vincent fut étonné mais néanmoins agréablement surpris.

Il se plaça au bord de la piscine, sur une chaise qu’il avait l’habitude de fréquenter lors de ses rendez-vous à domicile avec des invités plus ou moins prestigieux. On fit conduire François jusqu’à l’extérieur de la Villa où se trouvait Vincent. L’odeur des viennoiseries préparées par le personnel de la maison envahissait les abords des cuisines pour le plus grand plaisir des papilles de Vincent. Il s’approcha de François et lui tendit sa main tout en s’exclamant.

"Mon cher François, bonjour, comment vas-tu depuis la dernière fois ? Ne reste pas ainsi debout, viens t’asseoir. Je vais signaler que le petit-déjeuner que je t’ai commandé doit être servi. Profites de cette vue en attendant, elle doit te rappeler quelques souvenirs sans doute !"

Vincent s’éloigna de François, il regagna la cuisine et ordonna que le petit-déjeuner soit servi une minute pile poil après son retour à la table. Et effectivement, le personnel de maison s’employa pour satisfaire la requête du maitre de maison.

[François Bertrand]

François, sur les conseils de l'ancien président, décida de s'asseoir après lui avoir serré la main. A son retour des cuisines, il retira ses lunettes :

"J'ai déjà mangé sur la route, je n'ai aucun appétit. Vraiment"

Il sortit un briquet en métal à gaz et alluma sa première cigarette de la matinée. Il regarda ensuite dans sa montre.

"Il est bien tôt, tu as l'habitude de te réveiller à ces heures matinales depuis ta retraite ? Ou bien tu as un sommeil particulier comme moi? Je ne dors que quatre heures par jour"

Il croisa une jambe sur l'autre, croisa ses mains et les posa sur son genoux.

"Ecoute Vincent, je suis content de te voir de retour dans les affaires. Mais ce n'était pas la peine de le faire savoir avec cette charmante publication facebook à mon endroit. Il fallait bien que ça sorte avant de continuer notre entretien. Tu sais bien que je ne suis pas hypocrite de nature, même si en politique c'est utile"

Il esquissa un sourire.

[Vincent Valbonesi]

Il ne fit aucune réaction au refus de son hôte de prendre le petit-déjeuner en s compagnie. Mais qu’à cela ne tienne, il mangerait devant son hôte puisqu’il avait faim, lui. Le personnel arriva près de la table, Vincent fit signe de tout poser près des deux hommes puis il sélectionna attentivement un croissant, un pain au chocolat, un pain au raisin et il demanda du café avec une once de lait frais, comme à son habitude. Pendant ce temps, François parlait. Lorsque ce dernier fit référence à sa publication Facebook de la veille, il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire sincère tout en avalant une gorgée de son café bien noir comme il l’aimait.

"Je dors très peu figure toi. Depuis ma période d’étudiant, j’ai pris cette habitude, je préfère prendre du temps pour dormir le matin plutôt que le soir à choisir. J’ai toujours l’esprit beaucoup plus vif en soirée qu’en matinée. Ma retraite politique n’a fait qu’accentuer ce phénomène en allongeant mes parties d’échecs la nuit. Tiens, tu y joues d’ailleurs ?"

Il croqua un morceau de pain au raisin puis continua.

"Oui, je m’imaginais bien que cette déclaration n’allait pas te satisfaire. Mais la politique est faite de risques, hier, j’ai pris un risque en sachant que tu devais venir ici aujourd’hui. Pour tout te dire, le report par ta secrétaire du dîner initialement prévu pour hier soir mais que tu as reporté à cause de cette histoire de décision politique de la Cour Suprême m’a vexé, je dois te le dire. Il ne s’agit pas de bonnes pratiques, je prends toujours un grand soin à honorer mes engagements. Voilà, je devais aussi te le dire."

Il fit un sourire puis il buva une tasse de café.

"Tu es sûr que tu ne veux rien ? Dis-moi ce que tu penses de ce café."

Il prit une tasse de café, la remplit puis la posa sous le nez de François.

"Je rentre d’un voyage en Colombie chez des amis, ils m’ont fait livrer des graines de café parmi les plus délicieux de la planète.
Tu aurais des regrets de ne pas goûter cette merveille."

[François Bertrand]

François jeta un œil à la tasse posée en face de lui et sans y toucher, fixa à nouveau son interlocuteur :

"Le drame Vincent, c'est que tu te sentes souvent obligé de me taper dessus parce que tu as peur de l'influence que je peux représenter dans le camp républicain. Car bien évidemment, la rage de faire un second mandat te poursuit toujours et comme tu es un animal politique, jamais tu ne renoncerais à cette objectif"

Il écrasa sa cigarette et reprit :

"Je ne suis pas naïf, tu es en train de tâter le pouls, de prendre la température de l'arène politique avant de te lancer officiellement dans le cambouis. Qu'à cela ne tienne, mais ne m'appelles pas de temps à autre quand il est suffisamment clair que nous sommes de farouches adversaires"

Il se leva, se dirigea vers la piscine, scruta d'un œil fasciné la vue sympathique qui donnait sur les montagnes et se retourna vers Vincent :

"Reconnais qu'il est assez infantile de réagir comme tu l'as fait pour une simple histoire de vexation. Pardon d'avoir heurté ton orgueil, mais vois-tu moi je ne suis pas en vacances, je travaille au service de la Frôce. On peut discuter si tu veux, mais je refuse catégoriquement de servir de faire-valoir à tes desiderata. Je ne veux plus faire de la politique, du moins pour le moment. Je n'ai pas non plus l'intention de me présenter à des élections, si tu te poses la question"

[Vincent Valbonesi]

Frustré, il répondit sèchement.

"Je ne te savais pas docteur en psychologie François."

Il s’arrêta quelques secondes puis observa François tout en prenant une tasse de café, la dernière.

"Je t’invite, amicalement, à prendre le petit-déjeuner et voilà comment tu réagis. Quant à tes suppositions sur mes revendications ou mes désirs, elles sont fausses et permets moi de te rappeler que tu as une fonction importante qui te donne suffisamment de pouvoirs pour que tu sois inaccessible à mes attaques. Tu feins la peur pour ne pas assumer le nouveau rôle dont tu disposes car aujourd’hui, c’est un fait, je n’ai aucune fonction, je ne représente personne si ce n’est que je suis mon propre porte-parole de mon bilan à la présidence."

Il se leva de sa chaise, se dirigea vers la piscine, il observa lui aussi cette vue qu’il aimait temps puis il répondit à François, d’un air détaché sans même le regarder.

"C’est à toi de faire l’Histoire avec un grand "H", pas à moi pour cette fois. Si tu renonces à la politique, je me demande pourquoi tu acceptes alors ce petit-déjeuner. Je ne crois pas à ta stupidité, tu le sais. Tu es venu pour te rendre compte de toi-même de mes ambitions et de mon état suite à mon retour en Frôce. C’est la curiosité et la crainte de l’ambition qui te pousse jusqu’ici. Mais souhaites tu réellement parler de ta psychologie, celle qui te pousse à défendre Salcedo le samedi et à le dénoncer le lundi ?"

Il regagna de nouveau sa chaise sans jeter un regard sur son hôte.

[François Bertrand]

Rangeant ses mains dans les poches, François ne put s'empêcher de sourire :

"Je réponds aux invitations que l'on m'envoie, quelque soit le retard avec lequel je le fais. Evidemment que tu n'as aucune conjecture politique pour l'instant, mais je sais que tu prépares les conditions favorables pour ça"

Il fit quelques pas pour se dégourdir les jambes.

"Je n'ai pas refusé ton petit déjeuner par fierté mal placée ou pour le simple plaisir de t'agacer. Je te remercie pour ton offre, mais je t'ai déjà dit que j'ai déjà satisfait mon appétit en cours de route. J'ai une ligne à conserver, quand même! Pour te faire plaisir je vais boire une tasse"

Il se rapprocha de la table, glissa deux carrés de sucre dans ce fameux café colombien et reprit sa marche :

"Il est vrai que rejoindre le PUR était une erreur stratégique évidente, bien avant de le quitter. Je ne voulais pas adhérer à un parti politique et je m'étais rendu compte que mon seul intérêt était de conserver une certaine influence chez les républicains alors que je pouvais très bien le faire d'une manière non partisane. Le mal est déjà fait, Salcedo m'en veut. En vérité cela m'est égal, quoique je garde toujours une forme de sympathie pour lui et voir celui qui fut mon poulain devenir président de la République m'honorerait"

Il arrêta net de marcher au moment où il se retrouva face à son mentor politique :

"Ce café colombien est très bon. Rien à voir avec le goût des distributeurs automatiques, tu te souviens, à la fac.
Je vais te dire, je n'attends rien d'une hypothétique heure "h" qui me permettrait de rentrer dans l'Histoire. Je suis beaucoup plus humble en réalité. Je te remercie, non c'est sincère, de ton compliment, mais pour le moment je ne me vois pas rentrer dans un gouvernement ou préparer une élection. Je continuerai de participer au débat public et de faire mon travail à la Cour Suprême, mais j'ai suffisamment réfléchit pour considérer que ma place, en ces temps incertains, restait dans cette belle institution de notre République"

[Vincent Valbonesi]

Visiblement était satisfait d’entendre ces quelques mots de la part du président de la Cour Suprême qu’il avait essayé de forcer à la démission hier encore.

"Je t’avais dit que ce café colombien était excellent. Tu devrais y faire un tour, s’agissant du café ou des colombiennes, tu as le choix et du très bon choix, tu peux me croire. Je t’invite à m’accompagner à mon prochain déplacement sur place. Mon ami à un sublime hôtel particulier dans la vieille ville de Carthagène des Indes, au milieu des remparts, c’est magnifique et sûr comme destination. Lors de mon précédent voyage, j’ai pu rencontrer l’ancien Président Alvaro Uribe avec qui j’ai pu m’entretenir sur l’état de la Colombie, la politique de son successeur, Juan Manuel Santos, et les négociations avec a guérilla. Sur ce dernier point, je partage le même point de vue que lui : je suis parfaitement opposé à la négociation avec des terroristes. Je serais ravi de te le présenter à l’occasion."

Souriant par avance à la pensée qu'il avait en tête, il ne put s’empêcher d’être honnête avec François.

"Excuse-moi par avance de l’honnêteté de la réponse mais Salcedo a autant de chances d’être élu que tu as de chances de me voir dans un lit avec trois hommes à pratiquer le fist-fucking, puisque c’est le terme à la mode, François."

Il rigola avec François, visiblement peu habitué à ce type de langage depuis quelques temps.

"Si tu estimes que l’heure n’est pas venue, alors oui, il faut rester en retrait de l'arène politique. Mais la décision originelle de la Cour Suprême te portera du tort pour l’avenir, tout comme ton divorce médiatique avec Salcedo. Tu as entendu comme moi sa déclaration sur un trottoir faite à la va-vite. Permets-moi de te dire que je n’aurais jamais tolérer une telle insulte à mon endroit. Tu comptes réagir je l’espère ?"

Il beurra une biscotte à la confiserie d’abricot tout en parlant avec François.

[François Bertrand]

François s'étonna de la rapidité avec laquelle certains rapports de force politique pouvaient changer de nature. Hier ils s'envoyaient des flèches, aujourd'hui ils rigolent ensemble.

"C'est toute la Cour Suprême qui prend des décisions, je ne joue qu'un rôle représentatif en les publiant en mon nom"

Il reprit une autre gorgée de café, gêné par cette fausse modestie qu'il affichait.

"Je n'ai pas l'intention de répondre à cet honorable Gaspard. Il se discrédite tout seul en affichant tant de colère, en parlant de manière aussi vulgaire. Les frôceux sont assez raisonnables pour juger"

Saisissant une petite cuillère, il rajouta un peu de lait dans la tasse qui contenait du café à moitié.

"Bien vois-tu, j'ai l'intention d'agir en magistrat impartial au-dessus des querelles sans intérêt. Et toi dis moi, tu comptes faire quoi maintenant que tu as fait le tour de tout le cursus honorum? J'ai vu que tu t'entendais bien avec Marc et Benjamin. Je m'entends également très bien avec les deux. Marc étant mon collègue, Benjamin étant mon... enfin je n'en dirais pas plus au risque de lui nuire"

[Vincent Valbonesi]

Vincent était surpris du silence de François.

"Benjamin étant ton ?..."

[François Bertrand]

Vincent lui posait la question au moment même où une employée s'approcha d'eux. Il détourna son regard vers elle.

"Finalement je veux bien du chocolat. Vous avez du chocolat, non?"

Hochant de la tête, la demoiselle repartit et revint avec un coffret de chocolats suisses. François se servit et savoura délicatement le met. Tout en mâchant, il répondit enfin :

"Benjamin, c'est moi qui l'ai fait revenir ici et c'est moi qui lui a soufflé l'idée de se présenter"

Il s'essuya les mains avec une serviette qu'il passa ensuite autour de la bouche.

"Accessoirement, c'est aussi moi qui m'occupe de sa campagne et de la ligne stratégique qu'elle prend. Il prend au sérieux mes conseils et me fait confiance"

François avait compris qu'il en disait trop. Non pas en défaveur du candidat social démocrate, puisque cet appui n'a aucune raison de lui faire tort compte tenu de la volonté de réconciliation, mais en défaveur de lui-même. C'était avouer à demi-mots qu'il n'avait pas totalement quitté la politique.

"Le slogan de réconciliation, tu sais, celui qui est repris par tout le monde et même par toi... bah ça vient de moi. Je savais que la droite allait opter pour "unité" ou "rassemblement" et que la gauche CAR allait choisir la vengeance"

Il retira ses mains de ses poches et se dirigea vers la chaise pour à nouveau s'asseoir, son interlocuteur faisant probablement de même.

[Vincent Valbonesi]

"Je ne savais pas qu’un homme de droite pouvait conseiller un homme de gauche dans une campagne présidentielle qui voit s’affronter la gauche et la droite justement. Cette situation est assez cocasse car qu’on en dise, malgré mes amitiés avec la gauche frôceuse, je n’ai jamais conduit une campagne contre mon propre camp pour le faire perdre plus ou moins volontairement. Par conséquent, je suis assez surpris d’apprendre cette information François. Ton soutien à Gaspard Salcedo, c’était donc du pipeau depuis le début ?"

Il était surpris de cette annonce. Il resta quelques instants silencieux puis il continua son propos.

"Néanmoins, je constate que tes propos précédents sont discrédités à mes yeux par cette révélation. Tu es toujours dans la politique nationale et tu n’as jamais eu réellement l’intention d’en sortir comme d’autres avant toi on sut le faire. Ceci dit, le slogan de Benjamin est un bon slogan et il est parfaitement adapté à la situation. Tu as eu du flair. Tu n’es pas du genre à travailler pour rien, donc qu’est ce qu’il a pu te promettre ?"

[François Bertrand]

"J'offre mes services à quelqu'un en qui je crois, ce n'est pas faire de la politique. Je ferais de la politique si je m'engageais en mon nom propre pour défendre mes propres intérêts. Or, si en coulisses j'apporte mon soutien à un tel ou à un autre, ça ne m'empêche pas d'afficher ouvertement mon retrait politique. D'ailleurs pour rester honnête face aux frôceux, ce soutien en coulisses deviendra bientôt officiel. Discuter de politique ou partager ses sentiments ne rentre pas en contradiction avec la mise entre parenthèses de ma carrière politique"

Il but une gorgée de café.

"Tu sembles avoir oublié les accords entre le Parti Social Démocrate conduit par Benjamin et le Rassemblement pour la République dont nous étions membres. Nous arrivions toujours à imposer une politique de centre grâce à l'association entre le centre gauche et le centre droit. C'était là l'apogée du centrisme en Frôce. En quittant le PUR, je n'ai fait qu'être cohérent avec cette ligne centriste que je pensais être celle de Gaspard et qu'il voulait réunir les gens de droite avec ceux du centre. Or, non. C'est Gaspard qui a manqué de cohérence en radicalisant le camp républicain représenté jadis par le RPR et l'UDR. C'est Gaspard qui a manqué de loyauté en faisant fi de me montrer sa solidarité après ma défaite contre Montgomery et en dissolvant l'UDR au profit d'un Parti Libéral puis d'un Parti de l'Unité Républicaine, conscient de son échec avec la courte tentative libérale"

Il termina sa tasse, sortit sa seconde cigarette de la matinée et l'alluma.

"J'ai été partisan à tort de la ligne libérale et conservatrice. Aujourd'hui j'ai su démontrer depuis la création de l'UDR que j'étais à même de défendre des idées progressistes, efficaces pour l'économie, bonnes pour l'environnement et la société.
Tu es un homme de droite, toi aussi non ? Alors vas-y, explique moi pourquoi tu as fait campagne pour Benjamin McGregor toi aussi, avec Marc de St-Imberb? C'est à moi que tu fais la leçon ensuite?"

Il ricana.